Laura, greffière dans une maison de justice et du droit

Interview

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"Je prends le temps d’écouter, de traduire le droit dans le langage courant pour le rendre accessible."

On s’imagine souvent les greffiers en audience, prenant des notes. On a vu que cela ne représentait qu’une petite partie du travail qu’ils effectuent tous les jours, mais saviez-vous aussi qu’ils peuvent exercer en dehors des juridictions ? Comme Mylène, Laura a choisi d'exercer son métier en dehors d’un tribunal ou d’une cour d’appel. Dans ce portrait, elle nous parle de ses missions dans une maison de justice et du droit : un établissement public dédié à l’accès au droit des citoyens.

Comment êtes-vous devenue greffière ? Quel est votre parcours ?

Cela peut être surprenant, mais initialement, je me destinais à devenir pharmacienne ! J’ai passé un bac S et commencé ma formation, mais pendant ma deuxième année, j’ai découvert le droit lors d’un cours dédié. Je me suis immédiatement prise de curiosité pour cette matière. Je me suis renseignée, et après quelques mois d’hésitation, j’ai changé d’orientation. Je savais que le droit me plaisait, que cela me parlait et je voulais m’investir dans ce domaine.

Au fur et à mesure de stages pendant mes études, j’ai découvert la multiplicité des services… et le métier de greffier. J’ai tout de suite compris que c’était un métier essentiel, sans lequel la justice ne tournerait pas ! Le greffier est spécialiste de la procédure, et c’est ce que j’aime dans le droit. J’ai continué mes études encore un peu, puis j’ai passé le concours de greffier et intégré l’École nationale des greffes.
Ma première affectation était au tribunal d’Évry, où j’ai exercé au service des hospitalisations sous contrainte – peut-être que c’est mon passif pharmacie qui m’y a poussée ! Après deux ans, j’ai voulu changer de poste pour casser la routine. J’ai postulé pour exercer en maison de justice et du droit (dite « MJD »), où je travaille depuis six ans maintenant.

Qu’est-ce qu’une maison de justice et du droit ? C’est un lieu d’accueil pour les citoyens qui s’interrogent sur leurs droits et leurs obligations. Plus d’infos dans l’encadré en bas de page.

 

 

À quoi ressemble votre quotidien ?

Il est très différent d’un quotidien de greffier en tribunal. Ici pas d’audience, pas d’assistance au magistrat, mais beaucoup de contact avec le public. Ma mission principale est de favoriser l’accès au droit. Cela se traduit concrètement par des rendez-vous avec les citoyens, lors desquels je réponds à leurs interrogations. Le droit n’est pas une matière qui parle à tout le monde ! Souvent les gens viennent me voir parce qu’ils sont perdus. Ils viennent avec une pile de papiers qui ne fontt pas sens pour eux, parfois sans savoir qualifier la problématique juridique. Je prends le temps de les écouter pour l’identifier avec eux, traduire le droit dans le langage courant, le rendre accessible.
Au-delà de l’accueil, j’ai des missions de coordination de l’activité de la structure, de préparation des commissions traitant les dossiers d’aide juridictionnelle (j’aide les usagers à constituer leur dossier et  rédige le projet de décision), ainsi qu’un volet formation, pour les agents et les intervenants avec qui nous travaillons ou auprès de publics jeunes. J’ai, par exemple, été amenée à organiser un escape game sur le harcèlement en ligne.

Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier ?

Le fait d’être au contact des usagers et de partager mes connaissances. Quand j’ai fini ma journée, j’ai vu à minima 12 personnes que j’ai pu aider concrètement. Certaines pleurent parfois de soulagement, apaisées par le fait d’avoir enfin compris quelque chose ou de savoir quoi faire ensuite, à qui s’adresser. C’est très valorisant comme métier.
J’aime aussi le contact avec les différents professionnels qui évoluent dans la sphère de la MJD. Les secteurs sont divers, et échanger avec eux est très enrichissant intellectuellement. Le fait de pouvoir toucher à tout en termes de contentieux est également un plus. Contrairement à mon exercice en tribunal, ici je fais de tout : pénal, droit de la famille, de la sécurité sociale… Je trouve ça très stimulant !

Avez-vous des conseils pour de futurs greffiers ?

Au-delà du droit, il faut aussi aimer le contact avec les gens : si vous perdez patience quand vous essayez d’expliquer le droit, passez votre chemin ! Il y a moins de contact avec le justiciable en tribunal, mais il existe malgré tout et c’est un aspect important de notre mission de service public. Enfin, il faut savoir trouver la nuance juste entre le renseignement et le conseil, surtout en début de carrière où cela peut paraître flou. Et évidemment, l’essentiel, c’est d’aimer la procédure.

C’est quoi une maison de justice et du droit ?

Les maisons de justice et du droit appartiennent au réseau point-justice pour leur volet accès au droit.
Ce sont des lieux d’accueil, d’écoute, d’orientation et d’information gratuite et confidentielle sur les droits et obligations de chacun. Un accueil est assuré quotidiennement par les agents d’accès au droit et des permanences sont organisées autour des thèmes de la vie quotidienne (droit de la famille, du logement, du travail, de la consommation …). Elles assurent quatre missions :

  • l’accès au droit ;
  • la résolution amiable des litiges ;
  • l’aide aux victimes ;
  • la justice de proximité (prévention et traitement de la petite délinquance).

Dans les mots de Laura, c’est un lieu dont l’objectif est d’être « au plus proche des usagers, pour les aider dans les démarches juridiques, les renseigner sur leurs droits ».
Selon les structures, des intervenants externes peuvent participer à l’activité de la MJD : avocats, huissiers, notaires, associations d’aide aux victimes, juristes généralistes, psychologues, écrivains publics…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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"Tous les jours, je fais appel à mon expertise en droit, en procédure, et à mon sens du relationnel. C’est ce que j’aime le plus."

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