Marine, greffière

Interview

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« En étant au service des juridictions, et plus généralement de l’intérêt général, j’ai vraiment le sentiment de contribuer au bon fonctionnement de la Justice. »

Marine est greffière. Si elle travaille aujourd’hui en administration centrale, elle a auparavant exercé en juridiction. Forte de cette expérience de terrain, qu’en tant que chargée d’études au sein de la direction des services judiciaires, elle accompagne les juridictions dans la conduite du changement et de la modernisation. Enthousiaste et pédagogue, Marine revient sur son parcours professionnel et ses missions.

Pouvez-vous vous présenter rapidement (parcours études et professionnel jusqu’à votre poste actuel) ?

Après une licence générale en droit et un master 1 en droit privé sciences criminelles, j’ai obtenu un master 2 spécialisé en droit des personnes et de la famille. Au cours de mes études, j’ai réalisé un stage au centre d’information sur le droit des femmes et des familles, puis un autre dans une association pour l’accès au droit des jeunes.

J’ai passé le concours externe de greffier et j’ai intégré l'École nationale des greffes en 2017. En sortie de formation, j’ai fait le choix du poste de greffier placé, car lors de mes stages j’avais apprécié avoir une certaine polyvalence. Le greffier placé a cette particularité d’être actif sur l’ensemble du ressort de la cour d’appel et donc de ne pas être affecté dans une juridiction spécifique. La plupart du temps, il apporte son soutien à un service qui est en manque d’effectif temporaire, par exemple lors d’un congé maternité ou pour maladie. Il peut changer de service tous les 3 ou 6 mois en fonction des besoins. C’est une fonction qui demande une grande capacité d’adaptation et une appétence pour toutes les procédures. Mes missions de greffière placée m’ont conduite à occuper des postes au sein de plusieurs juridictions, cour d’appel et tribunal judiciaire, tant au pénal qu’au civil.

J’ai ensuite eu l’opportunité d’exercer une mission d’une année à l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC ), où j’ai participé à l’exécution des peines de confiscation.

En 2022, j’ai rejoint le bureau de l’aide aux victimes au sein du service de l’accès au droit et de l’aide aux victimes (SADJAV) et qui est rattaché au secrétariat général du ministère de la Justice. À cette occasion, j’ai pu contribuer à l’élaboration de la politique associative en travaillant sur la communication sur l’aide aux victimes, la mise à jour de l’Intranet et la participation aux dialogues de gestion budgétaire.

Depuis le début de l’année, j’ai intégré la direction des services judiciaires, et plus spécifiquement, le bureau accompagnement de l’organisation des juridictions (AccOr.J) où je suis chargée d’études.

Pourquoi avez-vous choisi de devenir greffière ?

J’ai toujours souhaité travailler au service de la Justice.  Au cours d’un stage en juridiction, j’avais pu assister à des audiences devant le juge des libertés et de la détention (JLD). Voir le magistrat et le greffier à l’œuvre, mener ensemble, d’une main de maître, le déroulement de la procédure et le suivi des dossiers, m’a particulièrement impressionnée et m’a donné envie de préparer le concours de greffier. Parallèlement à la préparation du concours, je me suis engagée dans une mission de service civique, au sein du service précarité de la caisse primaire d’Assurance Maladie (CPAM), afin d’apporter mon aide dans l'accès universel aux droits et permettre l'accès aux soins des jeunes.

Quelles sont les missions en tant que greffière à AccOr.J ?

Le bureau AccOr.J accompagne les juridictions souhaitant améliorer leur organisation, dynamiser leurs services. Le bureau met à leur disposition une méthodologie d’accompagnement, de conduite du changement, des outils de pilotage et un soutien personnalisé dans la conduite de projet.

Dans ce cadre, je participe aux études et aux audits méthodologiques relatifs à l’organisation interne des juridictions : analyse de documents, immersions au sein des services. Le but est de formuler des préconisations et de proposer des schémas d’organisation rationnalisés et innovants. Je contribue ensuite à la rédaction de rapports de préconisations de schémas organisationnels, d’outils de pilotage et de suivi et présentation de ces derniers aux juridictions.

Le bureau AccOr.J a aussi pour mission d’anticiper et accompagner les effets des réformes, en lien avec les directions normatives : la direction des affaires criminelles et des grâces (DACG), la direction des affaires civiles et du Sceau (DACS).

Dans ce contexte-là, je suis amenée à participer aux différents groupes de travail auxquels le bureau est associé. J’analyse notamment les impacts des projets de réforme sur les organisations, les savoir-faire métier, la procédure, les outils applicatifs et le traitement dématérialisé. Je participe aussi aux travaux de modélisation des chaînes de circuits de traitement (schémas, fiches de bonnes pratiques) pour faciliter le travail des magistrats et fonctionnaires. L’objectif est d’accompagner au mieux les juridictions au changement.

Qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction dans votre poste actuel ?

J’ai la chance de pouvoir être force de proposition pour améliorer les circuits, de participer au suivi des projets et à la mise en œuvre de réformes ministérielles significatives. Bien qu’étant en administration centrale, j’ai un lien constant avec les juridictions que ce soit lors d’échanges fréquents ou de déplacements réguliers pour connaître leurs pratiques. Je ressens un véritable sentiment d’utilité en les aidant et en les accompagnant dans la création d’outils, tels que des circuits de traitement ou des fiches réflexes, choses qu’elles n'ont pas souvent le temps de développer.

Mon expertise du terrain me permet d’identifier et de mesurer plus facilement les impacts organisationnels des réformes pour les juridictions, avec pour objectif de veiller à ce que la Justice de demain soit une Justice toujours plus efficace.

En étant au service des juridictions, et plus généralement de l’intérêt général, j’ai vraiment le sentiment de contribuer au bon fonctionnement de la Justice.

Selon vous, quelles sont les qualités et compétences requises pour devenir greffier ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, en argot, un chat est aussi greffier du fait de ses griffes. Le mot griffe vient du francique grifan qui signifie prendre, saisir. Ainsi, lorsque le greffier exerce son métier et appose sa griffe, c’est-à-dire sa signature, il doit le faire avec une rigueur extrême en tant que garant de la procédure.

C’est un métier qui peut être confronté à des réalités difficiles et il doit donc être doté d’une conscience professionnelle à toute épreuve.

Le sens des relations humaines me paraît également indispensable. Bien souvent, le greffier fait face à un public vulnérable. Il doit donc savoir faire preuve de bienveillance. 

Enfin, je dirais qu’en tant que sachant de la procédure, le greffier doit posséder de bonnes capacités de communication, d’une part envers les justiciables, dont il est l’interlocuteur privilégié et d’autre part, avec tous professionnels de justice ou les partenaires institutionnels.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite se présenter au concours de greffier ?

Je lui conseillerais de bien se renseigner au préalable sur le milieu judiciaire. Il est essentiel de ne pas se fier aux représentations de certaines fictions qui ne sont pas toujours représentatives du métier de greffier. Il vaut mieux visionner des émissions françaises, telles que la série documentaire « Justice en France », qui montre la réalité des dossiers amenés à être jugés devant une juridiction, la manière dont se déroule une audience et le rôle des acteurs de la Justice comme le greffier.

Le candidat doit avoir la curiosité d’assister à des audiences publiques en se rendant dans un tribunal. L’idéal est bien sûr de pouvoir réaliser un stage pour se rendre compte concrètement des missions du greffier.

Le candidat peut également venir échanger directement avec ces professionnels à l’occasion de certains évènements, comme les salons des métiers, les Journées européennes du patrimoine ou encore La Nuit du droit. Ce sont une excellente façon d’obtenir des informations.

Enfin, pour la préparation du concours, je lui conseillerais de bien travailler les procédures pénales et civiles, de faire preuve de ténacité et de ne pas négliger les moments de repos qui sont tout aussi importants pour arriver en pleine forme le jour du concours !

 

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