Ce qui me plaît le plus c’est de voir mon travail se concrétiser auprès des justiciables ou des personnes condamnées, de savoir que j’ai pu les aider.
Patricia est cadre greffier, un métier qu’elle exerce aujourd’hui après avoir gravi tous les échelons, depuis ses débuts dans les services judiciaires en tant qu’agent administrative. Passionnée par le droit et les relations humaines, Patricia raconte son parcours et son quotidien.
Pouvez-vous vous présenter rapidement (parcours études et professionnel jusqu’à votre poste actuel) ?
Titulaire d’un CAP et d’un BEP en secrétariat, j’ai poursuivi avec un bac secrétariat-administration, à la suite duquel j’ai enchaîné divers postes, dont l’un pendant près de six ans comme secrétaire - clerc d’huissier chez un huissier de Justice. Ce dernier m’a encouragée à reprendre mes études en parallèle de mon travail. J’ai donc fait l’École nationale de procédure (ENP) pour obtenir ma maîtrise en droit.
Puis sur les conseils d’une amie et de mon mari, j’ai passé le concours externe régional d’agent administratif car le tribunal de grande instance proche de chez moi recrutait alors dix personnes. Par la suite, j’ai passé le concours d’adjoint administratif, puis celui de greffier.
Dès que j’ai pu, j’ai passé l’examen professionnel de greffier principal. Enfin, j’ai obtenu le statut de cadre greffier sur dossier. Ayant eu un père qui a commencé comme conseil juridique et fiscal, je suis tombée dans le droit toute petite et n’en suis jamais sortie !
En quoi consiste le métier de cadre greffier ?
C’est un poste de catégorie A, cadre supérieur, qui arrive tout de suite derrière celui de directeur des services de greffe judiciaires (DSGJ). Ces derniers ont pour cœur de métier la gestion administrative, l’évaluation des personnels, la rédaction des statistiques, des notes de service, etc.
Le cadre greffier est avant tout greffier, spécialiste de la procédure. Ainsi, il se doit d’assurer la veille juridique et procédurale de son service et de rédiger des mémos pour ses collègues, dont il est aussi l’encadrant intermédiaire. Il assiste les magistrats de son service. À ce titre il est leur premier collaborateur.
Quelles sont vos missions à votre poste actuel ?
Je suis le cadre greffier du service du bureau d’exécution des peines (BEX) dans un tribunal judiciaire. Le BEX est un pôle du service de l’exécution des peines. À ce titre, j’ai de multiples fonctions à commencer par l’exécution immédiate en sortie d’audience des comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) et de leurs déferrements. Aussi appelée plaider-coupable, cette procédure permet de juger rapidement l'auteur d'une infraction qui reconnaît sa culpabilité. Elle est appliquée pour certains délits et doit respecter certaines conditions.
J’ai aussi la charge de l’exécution des peines, délictuelles comme contraventionnelles relatives au permis de conduire, de l’exécution des écrous, mandats d’arrêt et MDDD extérieurs. Il s’agit des mandats de dépôt avec délai différé et extérieurs : car à l’instar des écrous et mandats d’arrêt dont j’ai la charge également, ils arrivent de tous les autres tribunaux de France.
Je suis également responsable de l’envoi des relations consulaires, de la rédaction des statistiques du service, du suivi des dossiers de requête et de l’accueil téléphonique et physique du service. Cette dernière mission représente environ 110 appels mensuels et la réception de 500 personnes par mois. J’assure la veille juridique pour l’exécution des peines et je rédige les mémos pour l’exécution des différentes missions du BEX.
J’encadre un contractuel qui est mon seul collaborateur actuellement pour toutes ces missions.
Enfin, je forme différentes catégories de personnels allant du service civique à l’auditeur de Justice.
Selon vous, quelles sont les qualités et compétences requises pour faire ce métier ?
Une excellente maîtrise du droit, pénal ou civil, selon le service sur lequel on travaille, est indispensable.
Un grand sens des relations humaines est également nécessaire tant avec les justiciables qu’avec les collègues qu’on encadre, les DSGJ et les magistrats. Il est important de savoir appréhender les situations potentiellement conflictuelles afin de maintenir une ambiance paisible, notamment lorsque les justiciables manifestent leur désaccord des peines et leur colère de façon bruyante.
Qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction dans votre métier ?
Ce qui me plaît le plus c’est de voir mon travail se concrétiser auprès des justiciables ou des personnes condamnées, d’avoir pu les aider.
Au tout début de ma carrière de fonctionnaire, j’ai travaillé dans un tribunal pour enfants. Aujourd’hui, il m’arrive de croiser dans le tribunal ou de voir venir à mon guichet d’anciens enfants suivis et qui me reconnaissent. Certains reviennent me présenter leurs enfants. C’est aussi quand des condamnés m’apportent une boîte de chocolats, à Pâques ou à Noël, pour me remercier de les avoir renseignés correctement et de les avoir aiguillés aux bons endroits pour être aidés. Là, je me dis que j’ai vraiment été utile et ça me ravit.
C’est aussi simplement quand le DSGJ ou les magistrats me remercient pour mon travail, ça fait toujours plaisir.
De quels dispositifs bénéficiez-vous en tant que travailleur en situation de handicap ?
Bien que mon handicap soit intervenu suite à un accident de travail, lors d’un trajet domicile – travail en 1994, je ne savais pas que je pouvais bénéficier de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). C’est seulement en 2006, sous l’impulsion de ma directrice de greffe de l’époque, que j’en ai fait la demande et que je l’ai obtenue sans difficulté.
À la suite de la RQTH, j’ai obtenu un fauteuil adapté, qu'il convient de renouveler régulièrement. J’ai également un bureau réglable à la même hauteur que le guichet d’accueil, une souris ergonomique sans fil spéciale et un pupitre. Il y a également quatre places réservées et bien identifiées au parking pour les personnes handicapées, situées au plus près des ascenseurs et de la pointeuse.
Qui peut devenir cadre greffier ?
Le métier de cadre greffier est une évolution du métier de greffier, instaurée par le décret n° 2024-1089 du 3 décembre 2024. Cette réforme vise à reconnaître et valoriser l'efficacité et l'expertise des missions des greffiers au sein des juridictions. L’accès au corps des cadres greffiers se fait actuellement uniquement par la voie de sélection professionnelle. Sont éligibles :
- les greffiers principaux ayant fait acte de candidature via la plateforme démarches-simplifiées,
- les greffiers principaux placés en activité statutairement (position normale d’activité, détachement, mise à disposition...) auprès d‘autres employeurs, publics ou privés, qui remplissent les mêmes conditions.
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