Natacha, greffière en cour d’appel

Interview

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"Tous les jours, je fais appel à mon expertise en droit, en procédure, et à mon sens du relationnel. C’est ce que j’aime le plus."

Natacha est greffière dans une cour d’appel. Alors que ce n’était pas son projet professionnel initial, elle dit n’avoir « jamais regretté, en 23 ans » de s’être orientée vers cette fonction. Une carrière stimulante et variée, au carrefour du droit et du relationnel. C’est ce qu’elle raconte dans cette interview.

Comment êtes-vous devenue greffier ? Quel est votre parcours ?

J’ai fait des études de droit, pendant lesquelles j’ai passé plusieurs concours, dont celui de greffier. Au moment de faire un choix, j’ai choisi ce métier pour répondre à la promesse que je m’étais faite : celle de travailler, un jour, dans un tribunal. Je ne l’ai jamais regretté en 23 ans de carrière ! Il y a dans le droit un fourmillement intellectuel que j’ai retrouvé dans mes missions et dans la diversité des postes que j’ai occupés. Du pénal au civil, en passant par des matières plus sociales, le greffier évolue pendant toute sa carrière. C’est comme cela que je l’envisage : défis après défis, à chaque changement de poste, je plonge !
J’ai exercé mes missions dans des juridictions très différentes, dans des ‘grosses machines’ et des services moins conséquents, et à chaque fois j’ai découvert de nouvelles choses : une manière de travailler, une nouvelle procédure, un nouveau projet.

Aujourd’hui, je suis sur un poste plutôt transversal dans une cour d’appel, avec des dossiers complexes et des procédures différentes. Je travaille beaucoup, mais je suis passionnée. J’aime la collaboration étroite avec les magistrats, les échanges avec les intervenants extérieurs et le public, et au cœur de tout cela, le droit. La profession de greffier correspond bien à ma personnalité : il faut qu’intellectuellement je sois stimulée tout le temps, sinon je m’ennuie !

À quoi ressemble votre quotidien ?

Le greffier, en quelques mots, est « l’authentificateur de la procédure ». Tous les jours on met en forme et on rend des arrêts. Mais notre travail, c’est bien plus que de la prise de note ou de la mise en page.
Au quotidien, c’est analyser les pièces d’un dossier pour vérifier leur authenticité, lire des textes de droit (jurisprudences par exemple) et les décisions de justice pour en comprendre les tenants et aboutissants. C'est aussi répondre aux avocats et aux justiciables, apporter notre conseil, transmettre nos connaissances ! Ma porte est toujours ouverte, cela fait partie de ma journée autant que préparer des arrêts.
Et puis il y a les audiences, l’aspect du métier le plus connu du grand public. « Aller en audience », c’est se préparer en amont, relire les conclusions pour signaler au magistrat un point ou un autre. Une fois à l’audience, je ne fais pas qu’écouter les bras croisés ! Selon la procédure, je peux être amenée à faire deux choses en même temps – être attentive à ce qui s’y passe, et préparer en parallèle un courrier par exemple – ou au contraire être absolument concentrée sur la note d’audience et sa rédaction. Et cela peut durer longtemps : c’est très rare, mais j’ai déjà pris une note pendant cinq heures !

Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier ?

Tous les jours, je fais appel à mon expertise en droit, en procédure, et à mon sens du relationnel. C’est ce que j’aime le plus. C’est aussi ce qui fait qu’on ne s’ennuie pas. Si on s’ennuie, c’est qu’on s’est trompé de voie !
L’objectif du greffier, c’est de tout faire pour que le justiciable ait la réponse qui l’intéresse, et qu’il la comprenne. Je vulgarise le droit pour le rendre accessible.
C’est un métier qui requiert aussi d’avoir des qualités sociales : si vous n’aimez pas les autres, pas besoin de devenir greffier ! Nous sommes en contact avec beaucoup de monde et il faut savoir être à l’écoute et partager les informations clairement. C’est vrai aussi bien dans mes rapports avec le public que dans ceux que j’entretiens avec les autres acteurs de la justice, et en particulier les magistrats et mes collègues. Contrairement aux idées reçues, notre relation n’est pas celle d’un donneur d’ordre et d’un exécutant. Il faut créer un rapport de confiance, collaborer dans un but commun : le justiciable.

Avez-vous des conseils pour de futurs greffiers ?

J’ai parlé de qualités relationnelles, et elles sont essentielles. L’accueil et le conseil sont les bases de notre métier, les rapports humains prennent donc beaucoup de place. Mais attention, il ne faut pas non plus tomber dans l’empathie ou emporter les dossiers à la maison !
En termes de compétences, je pense qu’il faut savoir être généraliste : évidemment, avoir une appétence pour un sujet, c’est bien, mais comme on est amené à changer de poste régulièrement, il faut savoir s’adapter et surtout apprendre une fois en poste. Attention à l’orthographe aussi, au risque de passer votre temps à vous corriger.
Enfin, et surtout : venez faire un stage en juridiction ! Les lieux de justice en proposent souvent, et c’est essentiel avant de passer un concours de se rendre compte de ce que c’est que de travailler dans un tribunal, ce qu’est un greffier. Si vous n’avez pas l’opportunité de faire de stage, prenez contact avec des professionnels, posez des questions, assurez-vous que votre place est là. C’est une belle profession, découvrez-la et choisissez-la !

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