« Le greffier pénitentiaire a un rôle essentiel au sein de la chaîne pénale, c’est un travail concret avec un impact réel sur la population et les justiciables. »
Mélanie est agent de greffe pénitentiaire exerçant dans un centre de détention. C’est au détour d’un stage pendant ses études qu’elle s’est passionnée pour le monde judiciaire. Si son parcours professionnel a commencé en juridiction, c’est principalement à l’administration pénitentiaire qu’il se déroule depuis une dizaine d’années. C’est avec enthousiasme que Mélanie parle de son métier et de ses missions.
Quel été votre parcours jusqu’à votre poste actuel ?
Après un baccalauréat technologique (STG), j’ai obtenu un DUT carrières juridiques. À la fin de ma première année d’étude, j’ai effectué un stage d’immersion professionnelle d’un mois, pendant lequel j’ai découvert le monde judiciaire que je n’ai plus jamais quitté.
Suite à ce stage, j’ai été recrutée en 2011 comme contractuelle dans un tribunal judiciaire, où je travaillais au bureau d’ordre (enregistrement des procédures, audiencement correctionnel) et au bureau de l’exécution des peines. J’ai pu y découvrir l’ensemble de la chaîne pénale. En parallèle, j’ai candidaté au recrutement sans concours d’adjoint administratif et j’ai été affectée dans un tribunal judiciaire au greffe correctionnel pour la rédaction des jugements. J’ai alors eu l’opportunité de faire fonction de greffier en tenant des audiences après avoir prêté serment. Après trois ans, j’ai fait une demande de mutation et j’ai rejoint l’administration pénitentiaire. Depuis 2014, je travaille dans un centre de détention, au service du greffe pénitentiaire. Avec près de dix années de pratique, je suis également devenue formatrice interne occasionnelle et j’interviens auprès des agents nouvellement affectés dans des greffes pénitentiaires.
Comment décrivez-vous votre métier à qui ne le connaît pas ?
Je dirais que le greffier pénitentiaire est la personne en charge de la gestion du dossier pénal et de la bonne exécution des peines prononcées à l’encontre des personnes détenues. Il est la passerelle entre les juridictions et la population pénale.
En lien avec l’autorité judiciaire, le greffier pénitentiaire veille à ce que la loi et toutes les décisions de justice soient appliquées. Il calcule les dates de libération, d’éligibilité à une permission de sortir, d’aménagement de peine en fonction des remises de peines octroyées, afin que la personne détenue effectue la durée de détention pour laquelle elle a été condamnée.
C’est un métier qui a du sens. Le greffier pénitentiaire a un rôle essentiel au sein de la chaîne pénale, c’est un travail concret avec un impact réel sur la population et les justiciables.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir agent de greffe pénitentiaire ?
Compte tenu de mon parcours professionnel, je souhaitais découvrir un autre maillon de la chaîne pénale. Les possibilités d’évolution dans le greffe pénitentiaire sont intéressantes. J’ai d’ailleurs pu diversifier mon quotidien en devenant formatrice interne occasionnelle. Il est aussi possible, sur la base du volontariat, de tenir des astreintes téléphoniques en dehors des horaires d’ouverture du service pour aider tous les établissements de la région. Il y a aussi la possibilité de candidater sur un poste d’agent de greffe placé ayant vocation à renforcer les greffes pénitentiaires en difficulté dans une zone géographique délimitée.
Le goût du travail en équipe a également été un facteur déterminant pour candidater à ce poste.
Quelles sont vos missions actuellement ?
Le quotidien en greffe pénitentiaire dans un centre de détention est rythmé par les sessions d’arrivée de personnes détenues en provenance notamment des maisons d’arrêts.
Il faut assister et préparer les commissions d’application des peines pendant lesquelles sont prises les décisions relatives aux demandes de permission de sortir, aux remises de peines et aux autres modalités examinées par le juge de l’application des peines.
Une de mes autres missions comprend la gestion des dossiers pénaux avec la mise à exécution de nouvelles affaires, le calcul des délais d’exécution des peines, la préparation des dossiers des personnes détenues libérables. Un autre pan de mon activité inclut la planification et la coordination avec les équipes locales de transfert des mouvements hors de l’établissement.
Il y a aussi la gestion du courrier papier et électronique, du téléphone et des relations avec les différents partenaires extérieurs : préfecture, gendarmerie, services judiciaires.
Qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction professionnelle au quotidien ?
Tout d’abord, le fait de faire respecter et d’appliquer la loi. Ensuite, la stabilité de l’emploi et le bon équilibre vie professionnelle-personnelle sont aussi des facteurs importants de satisfaction.
La marge de progression professionnelle en interne est aussi une source d’intérêt, que ce soit au niveau des passages de grade ou la possibilité de découvrir d’autres facettes du métier. La transmission du savoir notamment dans mon rôle de formatrice est très gratifiante. C’est un métier en constante évolution, ce qui me demande de rester vigilante et de ne jamais me reposer sur mes acquis, c’est très motivant.
Selon vous, quelles sont les qualités et compétences requises pour faire ce métier ?
Avant tout, il faut de la rigueur, il ne peut pas y avoir d’à peu près, et aussi savoir faire preuve d’adaptabilité car chaque dossier est différent selon la situation pénale de la personne détenue.
Avoir le sens du relationnel est également très important, vu le grand nombre d’interlocuteurs avec lesquels nous échangeons.
Une appétence pour la matière judiciaire est aussi requise car il faut sans cesse se tenir informé des nouvelles jurisprudences et des réformes.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait faire ce métier ?
Même si le travail en milieu carcéral et les responsabilités peuvent effrayer, c’est un métier très intéressant où aucune journée ne se ressemble.
Pour aller plus loin
Nos actualités
Lauriane, responsable de greffe pénitentiaire
Lauriane est responsable de greffe pénitentiaire. Avant cela, elle était professeure contractuelle de lettres classiques. Elle raconte sa reconversion professionnelle et son évolution de carrière.
Yohan, greffier au tribunal pour enfants
Yohan est greffier dans un tribunal pour enfants où il assure des audiences collégiales, qui concernent les affaires complexes jugées par trois juges : un président et deux assesseurs.
Examen professionnel de cadre greffier
Les inscriptions sont ouvertes du 7 mai au 16 juin 2025.
Nos métiers
Contactez-nous
Vous avez besoin d'informations sur les procédures administratives et le recrutement ?