Élise, conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation en milieu ouvert

Interview

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« Il faut aimer converser avec l’autre. La base du métier, c’est l’entretien. »

Comment êtes-vous devenue conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation ?

J’ai une maîtrise de droit. Après la fac, j’ai fait un stage dans un cabinet d’avocat et j’ai été assistance de justice. Mais je ne retrouvais pas l’aspect humain et relationnel dont j’avais besoin. Je me suis donc demandé quel métier alliait mon appétence du droit et ma personnalité. C’est alors qu'une amie magistrate m’a parlé du métier de conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation (CPIP). Il semblait répondre à ces attentes.

À quoi ressemble votre quotidien ?

Mon métier consiste à prendre en charge les personnes sous main de justice et à les accompagner dans leur parcours d’exécution de peine. Il faut aimer dialoguer avec l’autre : la base de la profession, c’est l’entretien. Les échanges avec les personnes placées sous main de justice permettent de répondre à leurs questions, et petit à petit d’essayer de comprendre le passage à l’acte, puis d’assurer un suivi. Ce sont ces entretiens qui vont nous permettre d’évaluer la personne et d’identifier les facteurs de risque, et donc les leviers de réinsertion.

Je suis également référente violences intrafamiliales. Interlocutrice privilégiée sur ces thématiques, je participe à des actions à destination de ce public-là. Je me suis engagée sur différentes choses durant ma carrière : stage de citoyenneté, stage de sécurité routière, prise en charge des auteurs d’infractions sexuelles, etc. et je peux être appelée en soutien sur ces sujets.

CPIP, c'est un métier d’équipe, et un métier pluridisciplinaire. Au-delà de nos échanges entre collègues (CPIP, psy, directions…), nous sommes en contact permanent avec les professionnels du social, du médico-social et de la sécurité (police, gendarmerie). Sans oublier le lien avec les magistrats qui est essentiel. On est associé à sa décision, on peut suggérer des réponses pénales car on connaît les personnes. Nous avons une vraie place dans la chaîne pénale. Il faut proposer des solutions adaptées. Celles-ci peuvent parfois aussi être des sanctions, dont l’incarcération. Notre métier - qui consiste en la prévention de la récidive - est aussi un métier de sécurisation de la société. On ne peut pas permettre qu’un comportement nuise à d’autres personnes. Même si l’aspect humain est primordial, il ne faut pas oublier cet objectif.

Qu’est-ce qui vous motive dans votre métier ?

Cela peut paraitre "bateau", mais c’est la perspective du "vivre ensemble" qui me motive chaque jour. Parmi ces personnes qui ont des casiers chargés, certains réintègrent la société, trouvent un travail, fondent une famille. Je pense que c’est cela ma motivation première : les aider à atteindre cet objectif. Il y a un espoir en chacun d’eux, il faut simplement que nous trouvions le bon levier à activer pour les faire changer de comportement. Je ne dis pas qu’ils y arrivent à chaque fois. Je ne dis pas non plus que c’est grâce à nous. Mais le temps que la justice nous accorde avec ces personnes-là, une fois qu’elles sont condamnées, nous l'utilisons pour assurer ce suivi et les accompagner au mieux.

Le métier a beaucoup évolué au niveau de la technicité. On utilise des outils concrets pour évaluer et permettre aux personnes d’atteindre certains objectifs. Ce qui me motive, c’est cela aussi : ce métier est en constante évolution. Il y a toujours des méthodologies nouvelles. Par exemple, là où j’exerce, on expérimente la réalité virtuelle sur les auteurs de violences conjugales.

C’est un métier très riche. L’être humain est indéfini et il n’y a jamais de "fin". Je ne me lasse pas, je trouve toujours un nouveau sens aux choses. Les gens ont de multiples facettes : il faut savoir appréhender les meilleurs comme les pires. Il faut être capable de prendre en charge quelqu’un qui a commis les faits les plus atroces. Il faut être capable de travailler avec ces personnes et de les amener à des réflexions, à parler. Il faut voir en eux des êtres humains et discerner leur capacité à réintégrer la société et à ne plus lui nuire.

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