« Ce métier est la parfaite rencontre entre la pratique juridique, l’analyse, le relationnel humain, le travail individuel mais aussi en équipe. »
Gillian, 28 ans, est conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) et travaille dans une antenne locale d'insertion et de probation (ALIP). Motivée par sa double mission d’accompagnement des personnes condamnées vers la réinsertion et de lutte contre la récidive, elle raconte son parcours académique et son métier.
Quel est votre parcours ?
En première année de fac en langues étrangères appliquées, j’ai découvert le droit et j’ai décidé de me réorienter vers cette discipline. En L3 de droit public, je me suis passionnée pour les droits de l’Homme avant de poursuivre en master droit des libertés. Pendant mon année de master 2, j’ai réalisé des travaux universitaires en lien avec le monde carcéral, en particulier sur les conditions de détention sous le prisme de la dignité humaine ou encore le droit de vote des personnes détenues. Ces travaux m’ont poussée à réaliser mon stage de fin d’études auprès de la direction d’un centre de détention. Cette expérience a confirmé mon envie d’intégrer l’administration pénitentiaire.
Je me suis donc inscrite à l’Institut des métiers du droit et de l’administration (IMDA) pour préparer les concours de directeur des services pénitentiaires (DSP), surveillant pénitentiaire, directeur pénitentiaire d’insertion et de probation (DPIP) et conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP). En parallèle, j’étais aussi assesseur extérieur en commission de discipline dans une maison d’arrêt et un centre pénitentiaire.
J’ai finalement réussi le concours CPIP et j’ai intégré l’École nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) pour ma formation. Pendant deux ans, j’ai pu faire de nombreux stages dans des services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), que ce soit en milieu ouvert qu’en maison d’arrêt.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation ?
Ce choix n’a pas été une évidence au départ. Mon objectif était certes d’intégrer l’administration pénitentiaire, mais ma priorité était le concours de directeur des services pénitentiaires.
Je n'avais pas eu connaissance des services pénitentiaires d'insertion et de probation à la fac et quasiment pas pendant mon stage de fin d’études. Lors de mon année de prépa, j’ai donc contacté des CPIP et des DPIP pour me renseigner sur cette branche et me préparer pour les concours. Je n’ai finalement pas réussi les concours de DSP et DPIP cette année-là, mais j’ai pu intégrer l’administration pénitentiaire grâce à ma réussite au concours de CPIP.
C’est au fil des cours et surtout des stages pendant ma formation à l’ENAP que j’ai découvert une profession qui me correspondait parfaitement. En effet, ce métier est la parfaite rencontre entre la pratique juridique, l’analyse, le relationnel humain, le travail individuel mais aussi en équipe.
Quelles sont vos missions ?
J’accompagne les personnes dites placées sous main de justice avant et pendant leur peine. En prison, j’interviens auprès de personnes condamnées. Nous travaillons sur les faits qui les ont conduites en détention. Le but est de construire ensemble un projet individualisé pour préparer au mieux leur sortie.
Je travaille surtout en milieu ouvert lorsque les personnes bénéficient d’un aménagement de peine. J’explique alors que les peines avec sursis ne sont pas synonymes de liberté. Les personnes condamnées à ce type de peine font l’objet d’un suivi par la justice réalisé par le service pénitentiaire d’insertion et de probation. Je les accompagne dans leur parcours pénal, aussi bien avant condamnation qu’après, même si statistiquement, j’interviens plus après condamnation.
Je veille au bon respect des mesures prononcées par les juges, que ce soient les obligations ou les interdictions prononcées à l’encontre de l’intéressé. Une fois les problématiques de la personne identifiées, j’essaie de créer une dynamique de changement. Je l'accompagne et je l'oriente au mieux dans ses démarches professionnelles, administratives ou sanitaires, et cela tout au long de la mesure, qui dure en général deux ans. Ma mission est de m’assurer que chaque personne puisse se construire un environnement suffisamment stable et solide permettant de diminuer les risques de récidive. Et cela, jusqu’à ce que la mesure arrive à son terme.
Comment s’organise votre travail ?
À mon sens, tout l’intérêt de ce métier repose sur le fait qu’aucune journée ne ressemble à une autre. Cela évite la lassitude à long terme.
Les principales tâches et missions données aux CPIP sont récurrentes, comme la réalisation d’entretiens avec les personnes suivies, la rédaction de rapports pour éclairer le juge dans sa décision. Par ailleurs, nous collaborons étroitement avec les autorités judiciaires, les surveillants pénitentiaires et de nombreux partenaires institutionnels (tels que France Travail ou la mission locale) ou associatifs pour assurer le meilleur accompagnement possible. Il faut toujours rester très vigilant et à l’affut d’événements pouvant surgir soudainement et nécessitant une réaction vive et pertinente.
On pourrait croire que ce métier est individuel puisque nous rédigeons seuls nos écrits et que nous recevons les personnes suivies en entretien. Pourtant, ce métier est avant tout un travail d’équipe. Nous nous réunissons régulièrement avec la direction, le psychologue et notre binôme de soutien pour évoquer les situations qui nous posent difficultés. Cette pluridisciplinarité permet de trouver ensemble de nouvelles pistes de travail, pouvant parfois aboutir à la mise en place d’une double affectation ou d’un binôme CPIP lorsque certains profils nécessitent une vigilance particulière. C’est aussi le cas lorsque nous travaillons en équipe sur la mise en œuvre d’actions comme la justice restaurative ou des prises en charge collectives de nos suivis. Entre CPIP, nous sommes solidaires pour assurer les diverses permanences ou champs transversaux qui nous incombent. Cela nous permet d’équilibrer au mieux les charges de travail respectives tout en maintenant nos compétences et nos capacités d’accompagnement.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Avant tout de voir les personnes que je suis évoluer au fil du temps. J’ai le sentiment d’être utile, tant pour le public que nous recevons, que pour les autres citoyens. En accompagnant les personnes suivies par la justice, j’aspire à pouvoir les aider à sortir de la délinquance et contribuer ainsi à un objectif de sécurité publique plus global sur l’ensemble du territoire français.
Pour une partie des personnes condamnées, le SPIP est parfois la seule écoute, la dernière ressource humaine vers qui elles peuvent se tourner en confiance et en sécurité. C’est très valorisant et gratifiant.
Quelles sont les qualités et compétences requises pour être CPIP ?
Il ne faut pas perdre de vue que ce métier est profondément humain. Il faut donc évidemment savoir être à l’écoute, bienveillant, accueillant, empathique, disponible. Nos missions sont très diverses et fluctuantes en fonction des demandes et des besoins du moment. Il est nécessaire d’être organisé, réactif et efficace quand les circonstances l’exigent, tout en sachant rester calme et lucide. Il faut être en capacité de s’adapter en permanence pour adopter, au bon moment, le comportement le plus approprié. Tout cela nous permet répondre au mieux à notre principal objectif qu’est la prévention de la récidive.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite se présenter au concours de CPIP ?
Il s’agit d’un concours métier visant à intégrer l’administration pénitentiaire et non d’un concours général permettant d’intégrer la fonction publique sur divers postes, divers ministères, etc. Il est donc nécessaire d’avoir à l’esprit toutes les compétences et qualités requises à l’exercice d’une telle profession pour préparer aux mieux les épreuves écrites et surtout orales. Il est important de savoir maîtriser les techniques d’une note de synthèse et d’avoir une solide culture générale. Il faut aussi se tenir au courant des évolutions récentes et des actualités de l’administration pénitentiaire.
Si on est intéressé par ce métier, il ne faut pas avoir peur de ce mode de recrutement. Comme j’aime souvent à le dire : « Tout ce qu’on risque c’est de réussir ». Ainsi, il faut bien se préparer et persévérer !
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