« La mission de la pénitentiaire a cela d’unique : elle doit assurer l’exécution de la peine en surveillant, mais aussi lui donner du sens tout en permettant le retour dans la communauté et prévenir la récidive. C’est une belle et noble mission qui nous est confiée. »
Quel est votre parcours ?
J’ai découvert le métier de conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation (CPIP) au cours de mes études alors que je suivais un diplôme d'études approfondies [DEA, ex-master 2] de droit pénal et sciences criminelles, et que je rédigeais mon mémoire sur la libération conditionnelle. J’ai immédiatement su que la variété des missions allait me convenir, alliant compétences juridiques et sciences humaines.
Après le concours, j’ai dans un premier temps exercé mes missions en milieu mixte (2008-2012), puis uniquement en milieu fermé (lire l'encadré). J’ai une appétence plus forte pour le travail en milieu fermé. C’est une tendance chez les CPIP qui se manifeste assez rapidement, entre ceux qui sont plutôt plus à l’aise en milieu ouvert et ceux qui préfèrent les missions en milieu fermé.
J’ai eu l’opportunité d’animer plusieurs actions collectives diverses : ciné débat, semaine de la parentalité, atelier de préparation de la sortie, actions collectives spécifiques en faveur des multirécidivistes, action collective à destination de personnes en voie de radicalisation, programme RESPIRE, programme de prévention de la récidive autour des questions sur l'alcool et les violences, les auteurs d'infractions à caractère sexuel, les délits routiers…
Je participe également régulièrement à des formations pour faire évoluer ma pratique grâce aux rencontres et échanges en groupe. En répondant à un appel à projet de la direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) de Dijon, j’ai proposé la création d’un jeu ludique, servant également de support pour être utilisé tant en entretien individuel qu’au cours d’actions collectives en favorisant l’évaluation structurée.
À quoi ressemble votre quotidien ?
C’est une question fondamentale car le rythme n’est pas du tout le même quand on travaille en milieu ouvert ou en milieu fermé. Quand je travaillais en milieu ouvert, j’organisais bien plus ma journée moi-même. Les personnes placées sous main de justice dont j’assurais le suivi étaient plus libres, de fait j’avais moins de demandes et je pouvais planifier au mieux.
En milieu fermé, c’est tout à fait le contraire : on travaille plutôt à la demande des personnes écrouées. C’est ce qui rythme notre journée, au gré des urgences et des demandes que l’on reçoit. Les personnes sont privées de leur liberté : elles ne peuvent pas faire certaines actions seules. On arrive à organiser et à anticiper certaines choses, mais parfois on doit reporter au lendemain car de nouvelles urgences surviennent. Certaines journées, on mène aussi des actions collectives ou on participe à des commissions pluridisciplinaires : on doit alors s’adapter au rythme de l’établissement.
En terme d’organisation, d’un point de vue très personnel, je consacre plutôt la matinée au traitement administratif : la gestion des courriers et des courriels etc. L’après-midi est consacré aux entretiens avec les personnes placées sous main de justice. Comme cela, s'il y a des urgences, je peux les traiter dans la journée.
On travaille pour un service public, il ne faut jamais l’oublier. J’essaie de répondre au plus vite aux demandes pour rendre ce service.
Il y a un réel travail d’équipe dans les établissements, et ces échanges rythment également mes journées. J’aime cette pluridisciplinarité. On peut vraiment confronter nos regards et nos avis : avec le personnel de surveillance, les instituteurs, le personnel médical etc. Tout le monde est sur place et les relations de travail sont simplifiées et agréables grâce à cette proximité mais surtout cette cohésion.
Qu’est-ce qui vous motive dans votre métier ?
Aucun jour ne se ressemble. Il n’y a pas de monotonie possible quand on est conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation. La mission de la pénitentiaire a cela d’unique : elle doit assurer l’exécution de la peine en surveillant, mais aussi lui donner du sens tout en permettant le retour dans la communauté et alors prévenir la récidive. C’est une belle et noble mission qui nous est confiée.
Milieu ouvert, milieu fermé et milieu mixteLe CPIP intervient au sein des établissements pénitentiaires – milieu fermé – mais également auprès des personnes suivies en milieu ouvert et en milieu mixte.
Le milieu ouvert regroupe l'ensemble des mesures alternatives à l'incarcération qui répondent à une démarche de responsabilisation du condamné. Les personnes faisant l'objet de ces mesures sont placées sous contrôle du juge de l'application des peines et suivies à sa demande par les services pénitentiaires d'insertion et de probation, soit dès le jugement (contrôle judiciaire), lors du jugement (sursis avec mise à l'épreuve) ou suite aux modalités d'exécution de la peine d'emprisonnement (semi-liberté).
Le milieu fermé désigne les établissements pénitentiaires classiques : maisons d’arrêt, maisons centrales et centres de détentions.
Pour les peines mixtes (peine de prison assortie en tout ou partie d’un suivi en milieu ouvert), les CPIP assurent le suivi en milieu fermé et en milieu ouvert. |
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Découvrez aussi l'interview d'Élise, CPIP en milieu ouvert
« Il faut aimer converser avec l’autre. La base du métier, c’est l’entretien. »
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Arthur est chef d’établissement pénitentiaire. C’est avec force de conviction qu’il parle de la richesse de son métier et de ses missions, essentielles au service public de la justice.
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Cynthia est directrice des services pénitentiaires (DSP). Titulaire d’un master 2 en droit mention carrières judiciaires, c’est en 2009 qu’elle rejoint l’administration pénitentiaire.
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