Lauriane, responsable de greffe pénitentiaire

Interview

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« Avoir une action sur la détention des personnes détenues en faisant appliquer les décisions de justice donne l’impression de jouer un rôle dans la sécurité de la société. »

Lauriane est responsable de greffe pénitentiaire. Si aujourd’hui elle travaille dans un centre pénitentiaire, cela n’a pas toujours été le cas. Avant de rejoindre l’administration pénitentiaire, elle était professeure contractuelle de lettres classiques. Elle raconte sa reconversion professionnelle et son évolution de carrière.

Pouvez-vous présenter vos parcours d'études et professionnel ?

J’ai suivi des études de lettres classiques et modernes dans l’espoir de devenir enseignante. J’ai débuté ma carrière d’enseignante en parallèle de mes études en tant que contractuelle. Pour autant, pour des raisons personnelles, j’ai cherché de la stabilité professionnelle et j’ai passé par hasard le concours d’adjointe administrative dans l’administration pénitentiaire. À l’obtention de ce dernier, j’ai été affectée dans un centre pénitentiaire.

Comment avez-vous découvert les métiers du greffe pénitentiaire ? Qu’est-ce qui vous motive ?

À mon arrivée en septembre 2006, plusieurs postes étaient vacants dans mon établissement. Après quelques jours de découverte, j’ai demandé à être affectée sur le greffe du centre pénitentiaire. Quitte à travailler dans une prison, autant que mes tâches soient en relation directe avec la population pénale. Avoir une action sur la détention des personnes détenues en faisant appliquer les décisions de justice donne l’impression de jouer un rôle dans la sécurité de la société.

Comment décririez-vous votre métier ?  

Le responsable de greffe est le garant de la bonne application des décisions de justice et de la légalité de la détention des personnes détenues. Il lui appartient d’éviter la détention arbitraire tout comme la libération anticipée. Pour ce faire, il doit s’approprier diverses circulaires et en faire une juste application au regard de la procédure pénale pour chacune des situations pénales. Cela demande beaucoup d’analyse et de rigueur.

Quelles sont vos missions ?

Mes missions principales sont des missions de contrôle des pièces de justice et de saisies effectuées par les agents sur le logiciel dédié. Je veille à mettre en application les circulaires, en lien avec l’autorité judiciaire, en informant les collaborateurs qui travaillent dans mon service. Une autre de mes missions est de gérer les ressources humaines, tant du personnel administratif que du personnel de surveillance. J’assiste aux diverses réunions avec les partenaires avec lesquels nous travaillons au quotidien : magistrats, préfecture, forces de sécurité intérieure...

Qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction professionnelle au quotidien ?

Le fait de travailler en équipe et de faire en sorte que ce travail exigeant se fasse dans les meilleures conditions possibles. Je me dis aussi que la journée qui commence ne ressemblera pas à celle d’hier. Le quotidien d’un greffe pénitentiaire est rythmé par la transmission des décisions judiciaires, de nature variée et toujours urgentes. Un responsable de greffe ne connaît pas la routine.

Qu’avez-vous découvert en travaillant dans une prison ?

En travaillant dans une prison, j’ai appris que les personnes qui y sont détenues sont privées de la liberté d’aller et venir à l’extérieur des murs mais qu’il y a une vie sociale et active à l’intérieur de ces murs d’enceinte. Il y a des droits et des devoirs, comme partout. Le respect est une qualité essentielle pour tous pour que les relations entre les personnes détenues et les personnels se passent pour le mieux. Avant d’y travailler, je ne pensais pas qu’il y avait d’autres métiers que des surveillants pénitentiaires. Cependant, il faut accepter certaines contraintes sécuritaires comme le passage sous le portique de détection le matin (comme à l’aéroport), les barreaux aux fenêtres et les concertinas en haut des murs.

Selon vous, quelles sont les qualités et les compétences requises pour faire ce métier ?

Aucune formation en droit n’est exigée pour réussir à ce poste. Il faut toutefois faire preuve de rigueur, de volonté d’apprendre, de ténacité et surtout d’humilité. Nous ne savons jamais tout de la procédure pénale et savoir dire « je ne sais pas, je vais demander à quelqu’un qui m’apportera la réponse » n’est pas un signe d’incompétence. À ce genre de poste, on ne peut pas se permettre de faire de l’à peu près. La légalité de la détention des personnes détenues en dépend.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait faire ce métier ?

N'ayez pas peur des responsabilités, qui sont fortes à ce poste. Il faut juste se donner les moyens : aujourd’hui, il y a une formation complète dispensée à l’École nationale d’administration pénitentiaire qui permet de prendre sereinement la direction d’un greffe avec des bases solides. Rien n’est impossible ni incommensurable.
Je dirais aussi que c’est gratifiant de travailler en relation directe avec les magistrats et valorisant de savoir que notre voix auprès d’eux est entendue et écoutée.

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