Florence, professeure technique de la protection judiciaire de la jeunesse

Interview

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"Le plus important pour moi est de réussir à réveiller la curiosité des jeunes pour qu’ils commencent à regarder plus positivement le monde qui les entoure."

Florence est professeure technique « culture et savoirs de base » dans une unité éducative d’activités de jour, une structure de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) qui accompagne des jeunes suivis par la justice vers l’insertion. Elle parle de sa passion pour la transmission à ce public particulier de jeunes en grande difficulté.
 

Qu’est-ce qu’un professeur technique « culture et savoirs de base » ?

Les professeurs techniques exercent dans des structures d’insertion qui accueillent des mineurs suivis par la justice. Ces unités éducatives de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) dépendent du ministère de la Justice.
L’objectif de notre action est de conduire des jeunes en panne dans leur scolarité et dans leur désir d’apprendre vers une possible insertion scolaire ou professionnelle. Pour cela, on utilise des moyens autres que ceux de l’Éducation nationale. Notre enjeu est de réussir à leur redonner l’envie de s’investir dans un projet, d’apprendre et de se former.

C’est un métier qui demande des qualités d’écoute et la capacité d’élaborer des processus pédagogiques adaptés à chaque jeune. Il n’y a pas de modèle préétabli : nous élaborons des projets en fonction de leurs appétences, en petit groupe. Les techniques utilisées sont très variées et nous nous adaptons continuellement. Nous pouvons nous appuyer sur la création manuelle, artistique, la participation à des événements culturels, la visite de musées, le cinéma, la bande dessinée, l’univers du jeu vidéo, la visite d’une ville, une promenade en forêt… Tout ce qui est susceptible de susciter de la curiosité et de l’intérêt devient une accroche possible pour lancer un processus d’apprentissage. En résumé je dirais : faire pédagogie de tout !

 

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Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?

C’est un métier passionnant qui offre une grande liberté et laisse beaucoup de place à la créativité et au renouvellement. Moi, par exemple, je suis passionnée par les arts plastiques donc j’utilise ce média.
Au cours de ma carrière, parmi de multiples projets, j’ai travaillé autour du masque peint sur le visage à partir des traditions masquées et maquillées du monde et de l’histoire du portrait dans la peinture. J’ai noué de nombreux partenariats avec les musées comme le musée Guimet, à Paris, où nous avons exposé nos créations dans la cadre de la Nuit des musées. Quand je monte de tels projets, le défi est de réaliser un parcours ambitieux, source de motivation et de gratification pour les jeunes.  
Le plus important pour moi est de réussir à réveiller leur curiosité pour qu’ils commencent à regarder plus positivement le monde qui les entoure et acceptent mieux la rencontre avec les autres et la collaboration.
D’ailleurs, être professeur technique c’est aussi travailler avec d’autres. À la protection judiciaire de la jeunesse, nous travaillons en équipe pluridisciplinaire. On échange avec les éducateurs, qui sont les référents éducatifs des jeunes, mais aussi avec les psychologues pour mieux comprendre les difficultés de chacun. Grâce à ces rencontres, je me nourris de théories éducatives, de réflexions, de recherches qui alimentent ma pratique. Au fond, je sais que je contribue à l’éducation de futurs citoyens.

Quel a été votre parcours ?

J’ai un diplôme de psychomotricienne mais aussi un bac+5 en histoire de l’art. Plus jeune, j’étais très investie dans l’encadrement de centres de vacances comme dans la formation des animateurs pour encadrer le BAFA [brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur]. Je suis devenue professeure technique à 38 ans.
J’ai connu la protection judiciaire de la jeunesse lorsque j’étais étudiante car j’ai exercé en tant que veilleuse de nuit dans des foyers de la PJJ. C’est là que j’ai entendu parler de ce métier qui faisait la synthèse entre plusieurs de mes centres d’intérêt. Je me suis également investie dans la formation des professionnels de la PJJ pour transmettre ma pratique.

Des conseils à quelqu’un qui voudrait passer le concours ?

Informez-vous sur la prise en charge des jeunes dans les structures de la PJJ. Rencontrez des éducateurs et des professionnels de la PJJ pour vous faire une idée de la réalité du terrain.  
Sur un plan plus théorique, je conseille la lecture du livre de Serge Boimarre, « L’enfant et la peur d’apprendre », dont je me suis souvent inspirée dans ma pratique.

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