Florence, magistrate

Interview

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"Je ne regrette absolument pas ma reconversion : c’est exactement cela que je cherchais, je suis au bon endroit."

Florence est devenue magistrate en 2014 après avoir exercé le métier d'avocate pendant 20 ans. Elle a intégré la magistrature sans passer de concours, mais en choisissant une voie d’accès qui fait valoir l’expérience professionnelle dans le domaine du droit. Très satisfaite de son choix dès sa prise de fonctions, elle ne regrette pas son évolution de carrière.

Quel est votre parcours et comment êtes-vous devenue magistrate ?

Je suis devenue magistrate en 2014. Je n’ai pas passé de concours. Je suis passée par la procédure qui permet à des professionnels du droit de faire valoir leur expérience professionnelle pour intégrer le corps de la magistrature après étude de leur dossier.

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À l’issue de ma sélection, j’ai effectué mon stage probatoire de six mois à Saint-Quentin. J’ai ensuite été déclarée apte à exercer le métier de magistrat et j’ai été affectée au tribunal d’instance d’Évreux, une juridiction de taille moyenne qui était un atout pour envisager une reconversion. J'y suis restée quatre ans puis j’ai été en poste au tribunal judiciaire de Paris. Depuis le mois de juin 2022, j’exerce les fonctions de secrétaire générale adjointe auprès du premier président de la cour d’appel de Versailles.

Pourquoi avoir quitté votre métier d'avocate pour la magistrature ?

J’étais avocate depuis 20 ans : j’étais spécialisée en droit des personnes et j’ai exercé des fonctions au conseil de l’ordre des avocats.J’ai donc côtoyé la magistrature pendant de nombreuses années et j’ai tissé des liens de respect mutuel avec des magistrats.
Deux raisons m’ont poussée à quitter mon métier. Tout d'abord, ma spécialisation m’a apporté beaucoup de satisfaction, mais je souhaitais pouvoir renouer avec d’autres branches du droit. Il y a parfois une forme "d’enfermement" dans la spécialisation. Ensuite, mon changement de profession est liée à mon approche du droit : l’avocat doit jouer avec la réalité pour que le résultat soit le plus bénéfique possible pour son client. J’ai eu le sentiment que la règle de droit devait s’appliquer de manière objective. Et c’est dans la fonction de magistrat que l’on retrouve l’application stricte de cette règle de droit.

Vous ne regrettez pas votre reconversion ?

Absolument pas ! Dès mon stage probatoire, j’ai trouvé satisfaction dans mon nouveau métier. Je me suis dit : « C’est exactement cela que je cherchais, je suis au bon endroit. » C’est très enrichissant au quotidien et je suis loin d’en avoir fait le tour !
Je n’ai pas douté de ma démarche, car j’avais vraiment cette envie de devenir magistrate. J’ai simplement douté de l’issue à laquelle j’allais être confrontée puisque je devais m’adapter à une nouvelle fonction.
L’un des éléments importants pour envisager ma reconversion était aussi de garantir une stabilité dans ma vie : j’étais rassurée car je ne perdais pas mon cabinet. J’ai également choisi d’intégrer la magistrature au premier grade puisque j’y étais éligible [il existe différents grades dans la magistrature]. Ces paramètres m’ont permis d’envisager cette nouvelle vie plus sereinement.

Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans votre activité professionnelle ?

Considérer que le cœur de métier du juge est de trancher le litige est ce qui me satisfait le plus. En tant qu’ancienne avocate civiliste, j’ai à cœur de régler un conflit à travers l’application de la règle de droit.
Depuis que j’ai rejoint mon poste à la cour d’appel de Versailles, j’exerce des fonctions plus administratives par choix. Quand je suis devenue magistrate en 2014, je savais que ma carrière dans la magistrature serait assez courte à l’échelle d’une vie professionnelle. J’ai commencé par exercer des fonctions en première instance. Puis, une fois que je me suis sentie parfaitement légitime, j’ai pu aller vers d’autres fonctions. La richesse de la magistrature est d’aborder des missions juridictionnelles comme administratives.
Aujourd’hui, ce qui m’intéresse avant tout, c’est d’être en haut d’une tour de contrôle. Le premier président pilote tout un ressort (la cour d’appel et quatre tribunaux judiciaires) et, en tant que secrétaire générale adjointe, je fais partie de son équipe de direction rapprochée.

Quels conseils pourriez-vous donner à un candidat à la magistrature hors concours ?

Avant toute chose, une réorientation vers la magistrature s’anticipe ! Renseignez-vous sur le processus d’intégration (fonctions, grades d’accès à la magistrature, connaissances en droit) et ses exigences, et préparez-vous bien.
Vous devez montrer que vos connaissances juridiques sont transposables au métier de magistrat. Lorsqu’on intègre la magistrature via cette voie d’accès, on n’est pas en phase d’apprentissage du droit, on doit être en phase de déploiement de ses connaissances. Le stage n’est pas une formation, c’est la mise en application de connaissances acquises au profit de cette nouvelle fonction.
Enfin, pour les candidats ne travaillant déjà pas dans une juridiction, n’hésitez pas à vous rendre aux audiences libres d’accès.

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