« C’est un métier qui pousse à réfléchir, à comprendre, à s’adapter. Et c’est ce qui me plaît, car on apprend en permanence. »
Aïda est adjointe administrative à la cour d’appel de Paris. Avant de rejoindre le ministère de la Justice, elle a occupé plusieurs postes dans différents secteurs. Un accident fait basculer sa vie vers une situation de handicap irréversible, la forçant à repenser sa carrière et son quotidien. Aujourd’hui, elle a trouvé sa place et un métier qu’elle aime. C’est avec sincérité qu’Aïda se livre sur son parcours.
Pouvez-vous vous présenter rapidement ?
Après des études de comptabilité et gestion administrative, j’ai occupé plusieurs postes : assistante commerciale, conseillère clientèle, assistante technique et agente de recouvrement. Je travaillais à la direction du courrier de la Poste, quand j’ai eu mon accident. C’est alors qu’a commencé un long parcours du combattant vers l’acceptation de mon handicap, une période marquée par de nombreux défis tant physiques que psychologiques.
Pour retrouver la confiance et me réinsérer dans le monde du travail, j’ai d’abord passé l’examen théorique pour obtenir ma carte de chauffeur VTC, ce qui était une première étape essentielle même si cela n’avait rien à voir avec mon parcours professionnel initial. Ensuite, j’ai travaillé pendant près de trois ans dans l’entreprise VTC de mon mari. Cela m’a permis de reprendre pied dans le monde du travail et de retrouver suffisamment de confiance pour candidater au poste d’adjointe administrative à la cour d’appel de Paris.
Vous avez été recrutée par la voie contractuelle réservée aux travailleurs handicapés. De quels dispositifs d’inclusion bénéficiez-vous dans votre quotidien professionnel ?
Dans mon quotidien professionnel, je bénéficie de plusieurs dispositifs d’inclusion. À commencer par l’accompagnement de ma référente handicap, qui est toujours présente pour m’épauler en cas de besoin, qu’il s’agisse de questions administratives ou personnelles liées à ma santé. Je suis également soutenue par la médecine du travail, qui a préconisé deux jours de télétravail par semaine, un véritable soulagement pour moi.
Un service de taxi est aussi mis en place pour mes trajets entre la gare et mon lieu de travail à la cour, ce qui m’évite les interminables escaliers du métro.
Au bureau, je dispose d’un fauteuil ergonomique et un repose-jambes afin d’améliorer mon confort et de rendre mes journées de travail moins douloureuses. Un micro-ondes a été installé dans mon bureau pour que je puisse déjeuner sur place, l’accès à la cantine étant compliqué à cause des nombreux escaliers.
Quelle serait une journée type ?
Une journée type commence par le traitement des pièces fournies par les avocats et des nouveaux dossiers, la gestion des dossiers jusqu’à l’audience. Je prépare les différentes audiences qu’elles soient de mise en état, de clôtures, d’incidents ou de prononcés. Je suis aussi en charge de la relecture et de la mise en forme des décisions rendues par les magistrats avant de procéder à leur notification.
Je m’occupe également de l’envoi des avis de fixation et de l’archivage des dossiers terminés. J’assure l’accueil physique et téléphonique des avocats et parfois des justiciables. Mon poste est proche de celui d’un greffier.
Quelles sont les qualités essentielles pour faire votre métier ?
Pour faire ce métier il faut avant tout de la rigueur parce qu’on touche à des choses importantes, et qu’une petite erreur peut avoir des conséquences.
Il faut aussi être très concentré surtout quand on travaille sur des décisions ou qu’on gère plusieurs dossiers à la fois. L’organisation, c’est la base. Il faut être capable d’assurer en même temps des tâches différentes et des urgences.
La patience est aussi essentielle tant avec les justiciables et les avocats, que dans le rythme de travail. Et enfin, il faut être attentif aux moindres détails, aux délais, aux personnes.
Qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction professionnelle au quotidien ?
Ce qui m’apporte le plus de satisfaction dans mon travail, c’est la richesse et la diversité des dossiers. Même si je suis affectée à une chambre spécifique, aucun jour ne se ressemble vraiment, chaque dossier est unique, chaque situation demande une réflexion différente. C’est un métier qui pousse à réfléchir, à comprendre, à s’adapter. Et c’est ce qui me plaît, car on apprend en permanence. C’est un travail vraiment enrichissant au quotidien.
Quels conseils donneriez-vous à une personne en situation de handicap qui hésiterait à candidater à un poste d’adjoint administratif en juridiction ?
À toi qui es en situation de handicap, je comprends ce doute, cette peur de ne pas être à la hauteur, cette impression que, peut-être, ce n’est plus pour nous, je suis passée par là. Après mon accident tout a basculé. Ce qui ne devait être qu’un simple arrêt de travail s’est transformé en un long parcours du combattant avec l’annonce du verdict : le handicap est irréversible. Il faut apprendre à vivre avec. Ce n’est pas une fin, c’est un autre départ.
Travailler dans une juridiction, c’est aider les justiciables, c’est servir la justice et c’est faire du bien à la société. Et personnellement, ça m’a permis une chose essentielle : exister de nouveau, retrouver ma place dans cette société. Faire partie du système, être là, vraiment là.
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Le réseau de référents handicap et qualité de vie

Le ministère de la Justice mène une politique active sur les sujets du handicap en collaboration avec le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la Fonction publique (FIPHFP). La politique handicap ministérielle propose différents dispositifs d’accompagnement et de prise en charge adaptés aux situations de handicap qui nécessitent des aménagements matériels, organisationnels du temps de travail et des moyens de transport.
C’est dans ce cadre que le ministère s’est doté d’un réseau de référents handicap et qualité de vie au travail. Ce réseau permet de relayer la politique du ministère en matière de maintien dans l’emploi des agents bénéficiaires de l’obligation d’emploi, d’assurer le suivi de ces agents, de conseiller les agents et les encadrants lors du recrutement.
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