Maria agente administrative

Interview

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« Chaque jour, j’emmagasine de nouvelles connaissances du fait de la diversité de mes tâches professionnelles. »

Maria a rejoint le ministère de la Justice par le biais de la voie contractuelle pour les travailleurs handicapés. D’abord adjointe administrative dans un tribunal pendant cinq ans, elle exerce ses missions à la direction des affaires criminelles et des grâces (DACG) comme employée de bureau. Forte de ses expériences professionnelles et personnelles - elle est atteinte d’une déficience auditive importante - Maria se confie sur son parcours et partage ses conseils. 

Pouvez-vous vous présenter rapidement ? (parcours études et professionnel jusqu’à votre poste actuel)

Après l’obtention de mon baccalauréat de lettres-philosophie, j’ai fait des études universitaires de droit. Étudiante, j’ai eu l’occasion de voir les affiches du concours pour l’accès au métier de greffier, mais je n’avais pas osé m’inscrire. Consciente des difficultés que je pourrais rencontrer au regard de ma situation d’handicap, j’ai rapidement choisi de me lancer dans l’aventure professionnelle. J’ai débuté ma carrière en tant qu’assimilée-cadre dans un service juridique au sein d’une entreprise privée. J’y ai travaillé pendant 25 ans.

En 2016, à la recherche d’un emploi, je suis recrutée par la voie contractuelle réservée aux travailleurs handicapés à la cour d’appel de Paris et affectée comme adjointe administrative au parquet de la division économique, financière et commerciale du tribunal judiciaire de Créteil. Je travaille alors auprès de magistrats et de greffiers. Malgré leur charge de travail et leurs horaires tardifs, tous ont pris le temps de s’arrêter pour m’écouter, m’expliquer et de m’aider à m’insérer dans ce nouveau milieu professionnel. Moins d’un an après, je suis titularisée et je suis une formation d’une semaine à l’École nationale des greffes. C’est pour moi la réalisation d’un rêve : celui de travailler pour la Justice.

Début 2020, je suis affectée au cabinet de la procureure de la République du tribunal judiciaire de Créteil. Depuis septembre 2021, je travaille au service des requêtes de la DACG.

Quelles sont vos missions actuellement au service des requêtes ?

La mission du bureau des requêtes est d’apporter une réponse aux courriers des requérants qui nous sont transmis par le cabinet du garde des Sceaux. Je reçois également des courriers dits signalés assortis d’une mention de la part du cabinet appelant à une réponse plus personnalisée et à la signature du garde des Sceaux ou du chef de cabinet.

Il s’agit de requêtes émanant de particuliers, de victimes, d’avocats, d’organismes professionnels, d’administrations ou d’autres institutions comme la présidence de la République, le ministère de l’Intérieur etc… 

Chaque jour, je réceptionne ces courriers, dont j’assure le traitement et le suivi. Ma mission consiste à en analyser le contenu afin de déterminer le contentieux auquel ils se rapportent, par exemple violences conjugales, agressions, abus de confiance, escroquerie, délit routier… Cela permet d’aiguiller chaque requête vers le magistrat compétent ou vers le bon service, qui ensuite est chargé de me transmettre ses instructions pour apporter la réponse adaptée à chaque requérant.

Je peux aussi traiter certaines requêtes non signalées, dont je suis en capacité d’analyser le contentieux et d’apporter la réponse adéquate au requérant.

 

Comment décrivez-vous votre statut d’adjointe administrative à qui ne le connaît pas ?  


Il est très difficile de décrire le statut d’adjointe administrative dans le milieu de la Justice car il ne s’applique pas uniquement à l’exécution de tâches purement administratives. 


Au tribunal de Créteil, j’ai pu être amenée à veiller à la bonne exécution des procédures : comparutions immédiates, convocation par procès-verbal, comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité par exemple. Dans ce cadre, la fonction demande beaucoup d’attention et une bonne connaissance des procédures. 
 

Mon poste actuel requiert une bonne connaissance des procédures afin d’analyser les contentieux et surtout de répondre aux courriers en accompagnant les requérants dans leur demande. 

 

Quelles sont les qualités essentielles pour faire votre métier ?


Ce métier nécessite de maîtriser la suite Microsoft office et des logiciels spécifiques au ministère de la Justice. Des formations sont mises en place pour la prise en main de ces outils internes.
En juridiction comme au service des requêtes, il faut savoir travailler en équipe, analyser et appliquer des normes, être autonome et organisé. 

 

Qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction professionnelle au quotidien ?


Chaque matin, je pars travailler dans un cadre agréable, entourée de collègues très sympathiques, sans préjugés. Ma hiérarchie me faisant confiance, je travaille de manière très autonome en respectant, bien-entendu, le mode opératoire hiérarchique. Chaque jour, j’emmagasine de nouvelles connaissances du fait de la diversité de mes tâches professionnelles. 
 

Malentendante, vous êtes bénéficiaire du statut de travailleur handicapé, rencontrez-vous des difficultés dans votre quotidien professionnel ?


Atteinte d’une déficience auditive importante, je suis appareillée aux deux oreilles et je maîtrise la lecture sur les lèvres. Depuis mon enfance, je suis habituée à ce que mes interlocuteurs n’aient pas conscience de mon handicap. Je n’ai pas ressenti la nécessité de demander un dispositif interne d’aide dans mon environnement professionnel. Néanmoins, j’ai pris le temps d’informer mes collègues et ma hiérarchie de ma situation et des besoins qui en découlent. Par exemple, cela peut être d’avoir un bureau positionné face à l’entrée car j’ai besoin de voir si une personne entre et me parle. 

 

De même, je ne montrerai jamais sur une échelle pour aller chercher un dossier au risque de tomber en raison du problème d’équilibre dû à ma déficience auditive.


Enfin, j’ai parfois besoin de prendre une pause un peu plus longue pour évacuer la fatigue car ma condition me demande beaucoup de concentration nécessaire à l’exercice de mes fonctions.
 

Quels conseils donneriez-vous à une personne en situation de handicap qui souhaiterait faire le même métier que vous ?


Comme je l’ai précédemment mentionné, jeune étudiante, je n’ai pas souhaité passer le concours de greffier en raison de mon handicap. Ne faites pas la même erreur, si un métier de la Justice vous plaît et bien… tentez votre chance !


De nos jours, des outils informatiques permettent de simplifier et de surmonter certaines difficultés au quotidien. Le ministère de la Justice offre non seulement des formations mais également des moyens au sein des services pour se former.


N’hésitez pas à parler à vos collègues de votre situation et de vos besoins pour adapter votre environnement de travail. Ils le comprendront parfaitement car chaque personne en situation de handicap a une manière différente de concevoir le travail et son espace au quotidien. Soyez tout simplement naturel.


Pour finir, sur une note plus personnelle, je dois ma réussite aux personnes qui m’ont accompagnée tout au long de ma carrière et qui ont enrichi mon expérience professionnelle en participant à mon intégration sociale dans le milieu de la Justice. 

 

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