Interview
Valérie, directrice des services pénitentiaires depuis 15 ans. Une fonction qui fait partie de deux univers, parfois en contradiction en terme de finalités : l’Ordre et la Justice.
Quel est votre parcours ?
Après une formation universitaire en droit pénal, avec une spécialisation sur la délinquance et les déviances,j’ai réussi le concours de Directeur des Services Pénitentiaires en 2004.
Formée deux ans à l’École Nationale de l’Administration Pénitentiaire à Agen, avec de nombreux stages de découverte, mon premier poste fut en tant que directrice de détention dans un Centre Pénitentiaire dans le Nord Isère. J’ai ensuite été promue Directrice adjointe de la maison d’arrêt de Nîmes, puis affectée au centre pénitentiaire d’Avignon le Pontet.
Enfin, depuis septembre 2016, je suis chef d’établissement du centre pénitentiaire de Grenoble-Varces, qui comporte une Maison d’Arrêt de 212 places (et 350 détenus), un Quartier Mineur de 20 places, un Quartier Semi Liberté de 36 places et un hôpital de jour de nature psychiatrique de 14 lits. J’ai donc effectué toute ma carrière en établissement et sur le terrain que j’affectionne particulièrement.
Racontez nous votre quotidien/une journée type?
Un chef d’établissement doit d’abord contrôler l’application des procédures au quotidien, intervenir pour donner des consignes et prendre des décisions qui seront appliquées dans le cadre d’une organisation très hiérarchisée.
La représentation extérieure de l’établissement fait également partie de mes missions.
Une journée type serait ainsi la lecture du courrier, des mails, des audiences, la lecture de notes, la participation à des réunions, l’animation de rapports. En établissement, de nombreux incidents sont traités en urgence par rapport au reste. Il faut donc mettre en place une procédure solide de suivi pour ne rien oublier. Tous les jours se terminent par un rapport du soir avec la direction et le chef de détention.
En tant que chef d’établissement, je dois cependant ne pas perdre de vue les objectifs de progression de la structure que je dirige et qui sont fixés chaque début d’année. Les projets, nombreux et très créatifs en prison, fédèrent et donnent une satisfaction visible.
Le quotidien est forcément ponctué par la gestion des difficultés que traversent le monde carcéral : surpopulation, postes vacants, parfois vétusté des locaux. Il a tendance à compliquer les prises de décision lorsque les moyens de sont pas à la hauteur des textes ou des objectifs fixés. De mon point de vue il appartient au directeur des services pénitentiaires de donner un sens aux missions qui transcendent et font supporter le quotidien, par des messages, des vœux, une action soutenante et lisible auprès de tous.
Quels conseils pourriez-vous donner à un candidat au concours ?
A tout futur candidat, il me parait essentiel, outre une préparation sérieuse, de choisir ce métier en ayant pu appréhender la prison au préalable afin d’effectuer ce choix par passion, d’avoir conscience de la prise en charge de deux publics distincts - les personnes incarcérées et les personnels - et d’avoir des convictions fortes qui permettent de venir en soutien à ce choix à tout moment.
Les qualités attendues pour cette fonction, en plus d’une solide base juridique afin d’appréhender les problèmes de procédure pénale et de droit pénitentiaire, sont le sang froid pour faire face et diriger en situation de crise, des qualités d’écoute et de négociation, utile à un management quotidien et au partenariat omniprésent – et des qualités humaines fortes afin de contenir un haut pouvoir hiérarchique et faire vivre les valeurs républicaines dans la gestion du public confié.
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