Pierre, éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse

Interview

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« Le sport prend une place importante dans mon métier sur les plans pédagogique et éducatif : il permet de créer une relation de confiance avec un jeune et de travailler avec lui un nouveau rapport aux règles. »

Pierre est éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et passionné de canoë-kayak. Une discipline sportive qu’il pratique depuis sa jeunesse et ce jusqu’au plus haut niveau national. À travers ce sport, Pierre a puisé sa vocation d’accompagner des personnes aux parcours différents, que soit en lien avec la compétition, le handicap ou des difficultés d’ordre social. Après plusieurs expériences professionnelles liées au canoë-kayak, il décide de rejoindre le ministère de la Justice à l’occasion d’un stage avec des jeunes suivis par la PJJ. Homme de convictions, Pierre parle de son engagement et de la place centrale qu’occupe le sport dans son métier d’éducateur.

Pouvez-vous présenter votre parcours professionnel ?

Plus jeune, j’ai été bénévole dans mon club de canoë-kayak où j’ai aussi travaillé pendant des saisons estivales. Petit à petit, je me suis orienté vers l’encadrement pour un comité départemental et en club. Fin 2002, j’ai encadré, en kayak, un groupe de jeunes venant de la classe relai de Toulouse accompagnés par les éducateurs de la PJJ. Cette journée fut la confirmation de mon intérêt pour ce public. Par la suite, j’ai rejoint la PJJ sur des missions d’organisation d’activités sportives au sein d’une structure d’hébergement qui s’appelait, à l’époque, foyer d'action éducative (FAE).

J’ai ensuite passé le concours d’éducateur, un métier que j’ai appris au sein de plusieurs structures d’hébergements. Depuis 2012, je travaille dans un service de milieu ouvert

Pourquoi le ministère de la Justice et la PJJ ?

Il me semblait évident qu’un mineur auteur d’infraction était aussi un mineur victime, a minima d’un point de vue affectif ou éducatif. Pour moi, le cadre judiciaire est un outil qui permet de conduire efficacement une action éducative. Au fond de moi, j’ai toujours ressenti qu’il était nécessaire que la société s’organise pour créer un monde meilleur. Travailler au ministère de la Justice revêtait pour moi une inscription dans ce processus, tout en ayant conscience de jouer un peu le rôle du colibri*.

Quel est la place du sport dans votre pratique professionnelle ?

Aujourd’hui, je m’appuie principalement sur les sports de plein air. Je suis sensible au concept qu’intégrer les lois de la nature est un préalable à l’intégration des règles en société.

J’aime l’idée, dans le kayak par exemple, que l’arbitre soit la rivière, qu’il ne soit pas possible de négocier avec elle. De ce fait, je peux travailler d’une part la relation de confiance avec les mineurs que j’encadre, en leur donnant des éléments dont ils ont besoin pour réaliser un projet de navigation, et d’autre part travailler sur le sens des lois auxquelles on ne peut se soustraire. C’est pour moi un préalable intéressant pour pratiquer par la suite d’autres activités où les règles doivent être acceptées par tous pour que l’activité fonctionne.

Le sport prend une place importante dans mon métier sur les plans pédagogique et éducatif : il permet de créer une relation de confiance avec un jeune et de travailler avec lui un nouveau rapport aux règles.

Qu’est-ce qui vous apporte le plus de fierté ou de satisfaction dans votre métier ?

Ma satisfaction principale est d’apporter mon aide tant aux familles qu’aux magistrats dans leur prise de décision. J’éprouve également une grande satisfaction après la réussite d’un projet qui aura permis de vivre une vraie aventure humaine, dépassant la relation éducateur - mineur délinquant et qui pourrait s’apparenter à une relation adulte - jeune en devenir. Ces moments sont très forts d’un point de vue émotionnel et me nourrissent véritablement. J’aime aussi me sentir ressource dans une équipe éducative, participer à une dynamique collective et fédérer autour d’un projet commun.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui hésite à se présenter aux concours d’éducateur de la PJJ ?

Le premier conseil que je donnerais serait précisément de s’inscrire au concours, ne serait-ce que pour l’intérêt de l’épreuve. Il faut bien avoir conscience que le premier outil de travail de l’éducateur, c’est lui-même. Pour celui qui aime travailler sur lui en lien avec la relation à l’autre, ce métier est passionnant.

Je suis adepte du proverbe qui dit que « si j’avais trois heures pour abattre un arbre, j’occuperais les deux premières heures à aiguiser ma hache ». Je pense qu’il est essentiel de concevoir notre métier en ce sens.

*Selon l’auteur Pierre Rabhi : un jour, dit une légende amérindienne, il y eut un immense incendie dans la forêt. Les animaux terrifiés assistaient impuissants au désastre. Tous, sauf le petit colibri qui s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. « Je sais bien que je n’y arriverai pas tout seul mais je fais ma part », disait-il.

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