Romain, directeur des services pénitentiaires

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« J’avais envie de participer à rendre utile une peine de prison pour les personnes incarcérées, mais aussi pour la société dans son ensemble. »

Romain est directeur des services pénitentiaires (DSP), métier qu’il a découvert pendant un stage. Motivé par l’envie d’être utile à la société et de donner du sens à la détention, il s’est présenté au concours externe de DSP à la fin d’un parcours académique exigeant. Aujourd’hui directeur d’un quartier de prise en charge de la radicalisation au sein d’un centre pénitentiaire, Romain revient sur son parcours professionnel et explique son métier, encore mal connu.

Pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Après une licence de droit, j’ai étudié en classe préparation d’économie-gestion, validant par la même occasion une licence administration économique et sociale. J’ai ensuite intégré le master 1 puis 2 Politiques publiques de Sciences Po Rennes et de l’École normale supérieure (ENS) de Rennes. À la fin de mes études, j’ai passé le concours externe de directeur des services pénitentiaires. 
À l’issue de mon année de formation à l’École nationale d’administration pénitentiaire (ENAP), j’ai commencé ma carrière en tant que directeur de détention d’un centre pénitentiaire où j’ai eu en charge la maison d’arrêt pour hommes, le travail, la formation professionnelle des personnes détenues, la structure d’accompagnement à la sortie (SAS). Dans ce même établissement pénitentiaire, j’ai ensuite pris la direction du quartier pour femmes qui comprend une maison d’arrêt et un centre de détention. 
À la suite d’une mobilité géographique, j’ai occupé le poste de directeur de détention d’un centre pénitentiaire pour femmes. Aujourd’hui, je suis le directeur d’un quartier de prise en charge de la radicalisation au sein d’un centre pénitentiaire. 

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous présenter au concours de DSP ?

Pendant mes études, j’ai effectué un stage auprès d’un juge d’application des peines et je suis rentré pour la première fois en détention à l’occasion d’une commission d’application des peines. J’ai alors découvert le métier de DSP que je ne connaissais pas. Une peine de prison est une suppression temporaire de la dangerosité d’une personne pour la société par sa mise à l’écart du champ social. Elle ne peut néanmoins pas se limiter à cette seule utilité. J’ai trouvé dans ce métier la possibilité de donner plus de sens à une peine de prison. J’avais envie de participer à rendre utile une peine de prison pour les personnes incarcérées, mais aussi pour la société dans son ensemble. 

Comment présentez-vous votre métier à une personne qui ne le connaît pas ? 

C’est un métier riche et varié. Pour simplifier, je dirais que les missions du directeur pénitentiaire s’articulent au quotidien autour de quatre points principaux : manager les personnels et gérer une équipe, s’assurer du bon ordre de l’établissement, être garant de la sécurité des personnes détenues et œuvrer à la réinsertion des personnes détenues. 

Quelle serait une journée type ?

Je vais reprendre ici des propos qui ont déjà été tenus par d’autres professionnels : il n’y a pas de journée type. Il existe néanmoins des instances récurrentes qui rythment notre quotidien à commencer par le rapport de détention avec les officiers et les gradés, où nous échangeons sur les évènements de détention. 
Il y a aussi les commissions pluridisciplinaires uniques, pendant lesquelles nous prenons les décisions importantes pour la gestion et le parcours d’exécution de peine des personnes détenues (travail, formation, évaluation de la vulnérabilité et de la dangerosité). 
Enfin, je participe aux rapports de direction, où les décisions sensibles pour l’établissement se prennent en équipe. 

Qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction professionnelle ?

La stimulation intellectuelle du métier provient de la nécessité de faire correspondre temps court et temps long. Les fonctions exigent de prendre des décisions au quotidien qui satisfont les nécessités du moment tout en répondant aux exigences de demain. Les décisions d’aujourd’hui doivent aussi respecter et permettre les projets d’établissement. 

Quelles sont pour vous les qualités et compétences requises pour faire ce métier ?

Le travail d’équipe est central. Il faut donc être à l’aise dans les rapports humains, savoir être à l’écoute mais aussi savoir gérer les situations de conflit et de crise. L’univers carcéral est aussi déstabilisant en ce qu’il nous extrait de notre quotidien et qu’il bouscule nos repères et nos certitudes. Il faut donc être capable de se décentrer, de prendre du recul pour comprendre une situation et faire en sorte que notre action reste fidèle aux valeurs de notre administration, de la Justice et de la République. 

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait se présenter au concours de directeur des services pénitentiaires ?

La technicité juridique, l’ouverture sur le monde et son actualité sont évidemment nécessaires. Elles ne s’acquièrent que par une préparation exigeante. Je pense néanmoins que les candidats qui présentent ce concours en sont conscients. 
Aujourd'hui que je suis en poste, il me semble que les membres du jury cherchent une chose que j’avais minimisée dans ma préparation : un futur collègue, soit une personne présentant les valeurs qu’ils partagent, qu’ils défendent et qu’ils espèrent retrouver dans leur équipe. 

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