Lucie, conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation

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C’est un métier au carrefour des personnes, de la justice et des partenaires.

Comment êtes-vous devenue conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation (CPIP) ?  

J’ai découvert le milieu pénitentiaire alors que je travaillais dans une association de contrôle judiciaire, après avoir fait un Master 2 droit pénal et criminologie. Ça a été une véritable révélation : j’avais besoin du contact avec les justiciables, d’œuvrer pour la réinsertion. J’ai donc passé le concours, et à la fin de ma formation je suis restée au service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) que j’avais découvert en tant que stagiaire et où j’avais exercé en milieu mixte. J’ai ainsi eu l’opportunité d’une continuité dans ma prise de poste, d’être accompagnée par les mêmes personnes et guidée pendant mon parcours de façon progressive. Une fois titularisée, j’ai exercé pendant un temps à la fois en milieu ouvert et au pôle TIG (travail d'intérêt général), et je suis désormais à temps plein au pôle TIG.

Pour mieux comprendre où travaillent les CPIP et en savoir plus sur le TIG, consultez l'encadré en bas de cet article !

Cette année a été un peu particulière et nous avons eu des difficultés d’organisation des services, je suis donc venue en renfort de mes collègues à la maison d’arrêt dès le début du 1er confinement. Le retour au mixte m’a demandé un petit temps d’adaptation mais ça fait du bien de redécouvrir le milieu, de voir ce qui a changé. J’aime sortir de mon confort et bouger un petit peu.

A quoi ressemble votre quotidien ? 

Mon quotidien, comme pour beaucoup de CPIP, c’est de mener des entretiens individuels avec les personnes suivies et de les accompagner dans le respect des obligations fixées par l’autorité judiciaire. Dans mon cas, au pôle TIG, ces entretiens sont spécifiquement pensés par rapport au monde du travail. Ils me permettent de me faire une meilleure idée de leurs expériences professionnelles et de leur parcours, de leur capacité de travail. En fonction de ces éléments, je prends contact avec un partenaire qui prendra ce « tigiste », comme on les appelle, en charge. On fixe les règles ensemble, et à la fin de la mesure nous tirons un bilan en commun. 
On a également mis en place des programmes collectifs : on sollicite les partenaires, à qui on demande de créer des ateliers d’une semaine sur un thème choisi (cette année, la santé), ce qui permet aux personnes suivies de se reconnecter à une réalité qu’ils ont parfois oubliée ou ne connaissent pas du tout. C’est intéressant de voir, en groupe, ce que ces publics peuvent échanger, et ces activités participent activement à leur réinsertion.
Il existe aussi des entretiens collectifs, qui nous permettent de travailler sur les compétences psycho-sociales des personnes quand elles sont très éloignées de l’emploi. On travaille sur des thèmes qui permettent de réenclencher la machine, qui vont leur donner envie de reprendre un rythme. On voit bien l’impact du travail qu’on fait avec eux, ça me plait.

Qu’aimez-vous dans ce métier ?  

Ce qui me plait à l’administration pénitentiaire, c’est que tout évolue. Tout peut aller très vite, les projets peuvent surgir rapidement, et d’une année à l’autre tout varie. On fait plein de choses différentes, on ne reste pas sur des acquis, à avoir peur des nouveautés. Parfois ça fonctionne, parfois moins bien, mais on essaye toujours. Par exemple, la Justice restaurative [qui met en contact des auteurs de délit ou crime et des victimes] : on construit des choses, il a fallu du temps mais on s’y est mis. Pendant mes études, on m’avait dit que ça n’arriverait jamais ! Alors, c’est parfois frustrant de toujours s’adapter, de devoir répondre à de nouvelles lois, mais c’est motivant de voir les choses évoluer. Il faut être réactif, ça mobilise beaucoup d’énergie mais je ne m’ennuie pas. 
C’est d’ailleurs un peu à l’image de mon quotidien : j’ai tous les jours de nouvelles personnalités à découvrir, et c’est motivant. Le travail avec les partenaires me permet de découvrir plein de domaines, je me suis formée sur plein de choses – les problématiques d'addictologie, par exemple.
Enfin, on travaille en équipe. On n’est jamais seul, et en cas de besoin, je sais que mes collègues sont là. C’est un métier au carrefour des personnes, de la justice et des partenaires.
 

Photo by Van Tay Media on Unsplash

Où travaille un CPIP ?

Les conseillers pénitentiaire d'insertion et probation exercent en milieu fermé (dans les établissements pénitentiaires) et en milieu ouvert (au siège ou dans les antennes des SPIP). Ils peuvent travailler dans l’un, ou l’autre, ou en « milieu mixte », où ils partagent leurs tâches en établissement et en dehors.

En milieu fermé, ils accompagnent les personnes détenues dans le cadre d’un parcours d’exécution des peines et aident à la décision judiciaire en proposant des mesures d'aménagement de peine, par exemple. En milieu ouvert, ils impulsent une dynamique de réinsertion avec les personnes soumises à une mesure restrictive de liberté et s'assurent qu’elles respectent les obligations fixées par l’autorité judiciaire.

Certains CPIP peuvent se spécialiser dans le suivi de certaines mesures. Lucie s’assure du suivi des mesures de « TIG », travail d’intérêt général. Ces mesures, imposées par le tribunal, se substituent aux courtes peines d’emprisonnement. Efficace pour lutter contre la récidive et favoriser l’insertion des personnes éloignées de l’emploi, la peine de TIG impose à la personne condamnée un travail sans rémunération, dans l’intérêt collectif. Elle répare ainsi le tort commis à la communauté et restaure le lien de confiance.

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