Loic, infirmier de prévention

Interview

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"Les personnes rencontrées lors des entretiens me livrent des informations personnelles et me font entrer dans leur intimité."

Loic est infirmier au service de médecine de prévention sur le ressort du tribunal judiciaire de Paris depuis 2021. Diplômé depuis 2008, il s’est tourné vers la médecine de prévention après 13 ans de pratique. Il raconte son parcours et explique en quoi consiste son métier d’infirmier de prévention et de santé au travail auprès des agents du ministère de la Justice.

Quel est votre parcours ?

Je suis infirmier diplômé d’État depuis 2008. J’ai débuté ma carrière dans un service de chirurgie orthopédique dans une clinique, puis j’ai intégré l’Établissement français du sang (EFS) à Créteil. J’ai ensuite exercé pendant neuf ans dans un service de dialyse médicalisé à Paris où j’ai pris en charge des patients chroniques insuffisants rénaux, diabétiques et polypathologiques.
Je voulais changer ma façon de "prendre soin" et la prévention s’est imposée d’elle-même. Le ministère de la Justice m’a offert cette opportunité. En janvier 2021, j’ai rejoint la direction des ressources humaines et de l’action sociale (DRHAS) de Paris. J’ai été affecté au ressort du tribunal judiciaire de Paris dans le service de médecine de prévention. J’ai été embauché en tant qu’infirmier contractuel pour trois ans au bout desquels j’ai signé un contrat à durée indéterminée (CDI).
En octobre 2022, j’ai suivi un cursus universitaire d’infirmier santé au travail. Avec cette formation diplômante, j‘ai acquis de nouvelles compétences et des connaissances relatives au cadre législatif et réglementaire de mon poste.

Pouvez-vous présenter votre spécialité et ses enjeux au ministère ?

Au ministère de la Justice, la médecine du travail a pour rôle de préserver et promouvoir la santé auprès des agents. Elle a pour objectifs d'améliorer les conditions du travail et des tâches réalisées et de favoriser la sécurité des travailleurs.
La qualité de vie au travail est un enjeu majeur au ministère. Nous avons un rôle primordial dans cette démarche d’amélioration pour permettre d’évaluer et de prévenir les risques. Nous sommes en lien avec les ressources humaines, les chefs de service, les référents handicap, les préventeurs sécurité santé au travail…

Dans quel type d’établissement travaillez-vous ?

Je travaille au tribunal judiciaire de Paris, le plus grand tribunal de France. C’est un environnement de travail qui m’était totalement inconnu avant mon arrivée au ministère. Les métiers sont variés et les problématiques que je rencontre sont différentes en fonction de l’activité de la personne. Je peux être amené à rencontrer le président du tribunal, les différents chefs de cours, des magistrats, des greffiers, des agents techniques...

Quand, comment et pourquoi intervenez-vous ?

Le service de médecine du travail est en lien avec les ressources humaines du greffe et du parquet pour organiser les visites obligatoires au bon suivi de ses agents. Les deux types de visites que j’effectue principalement sont :

  • la visite initiale, à l’arrivée d’un agent sur son poste. Cette visite d’information et de prévention a pour but d’interroger l’agent sur sa santé, l’informer des risques qu’il peut rencontrer sur son poste et l’informer des risques éventuels liés à son activité professionnelle. Si j’identifie un risque ou un problème de santé, je peux décider d’orienter l’agent vers le médecin du travail
  • la visite périodique qui s’effectue cinq ans après la visite initiale. Elle peut être modulée en fonction du poste occupé par l’agent et des facteurs de risque détectés lors de l’entretien initial (problème de santé, difficultés connues sur poste…)

D’autres types de visites sont faites par le médecin du travail. Je peux être aussi amené à me déplacer dans les services pour découvrir le lieu où travaille l’agent. Cela me permet de connaître les facteurs de risques qu’il peut rencontrer et lui apporter des conseils pour les prévenir et essayer de les diminuer.

Quelles sont pour vous les qualités et compétences requises pour ce métier ?

Il faut des qualités humaines (communication et sens de l’écoute), un esprit d’équipe car nous travaillons en collaboration avec différents intervenants (référents handicap, psychologues du travail et clinicien, assistantes sociales…). La discrétion est aussi très importante : nous sommes soumis au secret médical. Les personnes rencontrées lors de nos entretiens nous livrent des informations personnelles et nous font entrer dans leur intimité.
Une autonomie dans son travail est également nécessaire. L’infirmier en santé du travail doit être curieux car le métier évolue régulièrement, notamment dans la manière de l’aborder. La législation évolue continuellement, elle on nous donne une responsabilité accrue, avec un champ de compétences plus large.

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