Kevin, éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse

Titularisé en 2017 après avoir intégré sur concours externe l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ), Kevin est actuellement en poste à l’unité éducative de milieu ouvert (UEMO) de Meaux Briand (77). Grand sportif, c’est un éducateur engagé et passionné.

Quel est votre parcours professionnel et dans quelle structure travaillez-vous aujourd’hui ?

J’ai 29 ans et suis originaire du Nord. J’ai une licence de droit et un Master Sciences de l’Éducation. Entre les deux, j’ai effectué un service civique au sein d’une association d’éducation populaire à Lille Sud où je faisais de la médiation socio-éducative auprès de jeunes du secteur. En parallèle, j’ai toujours travaillé en centre de loisirs et j’ai entraîné des jeunes dans un club d’athlétisme.
J’ai occupé mes premiers postes à la PJJ au sein des UEMO de Troyes en Haute-Marne, puis de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne, et je travaille aujourd’hui à celle de Meaux Briand, en Seine-et-Marne.

Quelles sont vos missions ?

Une fois mandaté par le juge des enfants, nous allons accompagner le mineur jusqu’à son jugement, ce qui implique des missions très larges et des plus variées. Le but est de le préparer au mieux jusqu’à ce jour. Pour cela, en fonction des mesures et du profil, nous lui proposons de nombreuses actions afin qu’il puisse évoluer sur le plan scolaire, familial ou personnel. Le but est que le jeune puisse s’épanouir,
notamment dans des projets éducatifs en s’appuyant sur le sport ou la culture.
Un objectif important est de l’accompagner dans sa réflexion sur son passage à l’acte : pourquoi a-t-il transgressé la loi ? Il est alors très important d’aborder avec lui la question de la victime. C’est seulement en conclusion de ce parcours éducatif que vient la préparation de l’audience avec le mineur et ses parents.
En parallèle, nous représentons une aide à la décision du magistrat. Nous devons lui rendre des comptes sur la situation du jeune, nous sommes amenés à intervenir à l’audience, sur la base de nos constats. La relation avec les juges des enfants ou d’instruction est alors très importante.

Quelles sont pour vous les qualités et compétences requises pour faire ce métier ?

Elles sont multiples. Pour commencer, il faut de la persévérance et de la patience car les résultats ne sont pas immédiats. Il s’agit avant toute chose de créer cette relation de confiance entre le jeune et l’éducateur. Parfois, ça ne fonctionne pas, et il faut alors être en capacité de rebondir dans l’accompagnement du mineur. Cela demande une certaine créativité et d’être force de proposition.
Il est indispensable de travailler en équipe, d’écouter ses collègues et d’accepter aussi, parfois, leur aide. Nous ne sommes jamais seuls dans le travail éducatif, l’équipe, les partenaires sont alors une force. Nous devons être réactifs, travailler dans l’urgence et s’adapter aussi. Nous ne pouvons jamais prédire la journée que nous allons passer. Enfin, il faut de la conviction et croire dans le jeune que nous accompagnons.

Qu’est-ce qui est source de fierté dans votre métier, et qui pourrait donner envie à quelqu’un devenir éducateur/éducatrice ?

Sans hésiter, de conclure un suivi en voyant un jeune souriant, inséré, apaisé, stabilisé et serein. En effet, il est fréquent qu’il traverse des périodes de crise durant le suivi.
C’est aussi toujours une fierté quand on le recroise plus tard et qu’il nous explique avoir un travail, un logement, une vie stable. C’est aussi, tout simplement, la famille, les parents qui vont nous remercier de les avoir, un temps, accompagnés. Il y a aussi des petites victoires quotidiennes : une re-scolarisation, les félicitations d’un magistrat envers le jeune, un moment ou une activité partagée, etc. On peut trouver quotidiennement des éléments de fierté et d’accomplissement.