« La première exigence pour un directeur est de fédérer en vue d’une mission : faire exécuter les décisions pénales en assurant une prise en charge des personnes détenues respectueuse de la dignité humaine et des droits fondamentaux et contribuer ainsi à préserver l’ordre public et à réinsérer les personnes confiées par l’autorité judiciaire. »
Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, Arthur a intégré le corps des directeurs des services pénitentiaires (DSP) sur concours à l’issue de ses études marquées par une dominante juridique. En six années, depuis la fin de sa formation initiale, il a exercé des fonctions différentes d’abord comme directeur adjoint d’un établissement puis en direction interrégionale et désormais comme chef d’établissement. C’est avec force de conviction qu’Arthur parle de la richesse de son métier et de ses missions, essentielles au service public de la justice.
Comment présentez-vous votre métier à une personne qui ne le connaît pas ?
Je me plais à comparer un directeur à un chef d’orchestre : il anime et coordonne pour permettre une action des services placés sous son autorité la plus harmonieuse, c’est-à-dire la plus pertinente et efficace.
Le DSP occupe des fonctions de direction et de conception. Il peut exercer en établissement pénitentiaire, en direction interrégionale et dans les services centraux du ministère de la Justice. Les missions varient selon les fonctions mais, à chaque fois, les mêmes fondamentaux sont au cœur de son action : évaluer les dispositifs, élaborer et concevoir les politiques pénitentiaires de terrain, en organiser la déclinaison opérationnelle, diriger des services dans toutes leurs dimensions (ressources humaines, budgétaires, etc.), travailler en pluridisciplinarité et dans un cadre multi-partenarial.
À l’instar du chef d’orchestre qui ne serait rien sans ses musiciens, le directeur travaille constamment avec des équipes aux compétences et spécialités diverses et de nombreux partenaires (autorités judiciaires et préfectorales, soignants, professeurs, forces de l’ordre, etc.). Les fonctions d’animation et de coordination prennent alors toute leur signification. La première exigence pour un directeur est de fédérer en vue d’une mission : faire exécuter les décisions pénales en assurant une prise en charge des personnes détenues respectueuse de la dignité humaine et des droits fondamentaux et contribuer ainsi à préserver l’ordre public et à réinsérer les personnes confiées par l’autorité judiciaire.
Quelles sont vos missions ?
En qualité de chef d’établissement, je suis chargé de conduire l’action d’un établissement pénitentiaire. À ce titre, je suis garant de la bonne prise en charge des personnes détenues, de l’application des lois et règlements et de la sécurité de la structure, des agents qui y exercent et des partenaires qui y interviennent.
J’ai également la charge des ressources humaines de l’établissement, de son pilotage budgétaire et de son évolution bâtimentaire et sécuritaire.
Enfin, je dois conduire et animer des projets et partenariats pour, d’une part, développer, améliorer et moderniser les conditions générales de fonctionnement de la structure et d’accueil des personnes détenues et, d’autre part, pour renforcer constamment la bonne coordination avec les partenaires et les autres services de l’État.
À quoi ressemble une journée type ?
Il n’y a pas de journée type tant nos missions sont soumises à un fort aléa opérationnel. Néanmoins, ma journée se divise en trois temps : un temps de travail de fond, essentiel à toute élaboration d’une action pertinente, assez administratif et porté sur la réglementation, la prospective et le traitement de demandes et sollicitations diverses. Puis, il y a un temps de coordination et d’échange avec mes services ou des partenaires sur tel ou tel point de notre action. Le troisième temps est plus opérationnel auprès des équipes. Ce dernier est essentiel. Un chef ne peut commander s’il ne connaît pas son terrain d’exercice et les agents qui y œuvrent. Cette présence auprès des équipes nourrit également les deux autres temps. Cela me permet d’évaluer la mise en œuvre opérationnelle des dispositifs, d’identifier les points forts et les éventuels besoins en termes de moyens, de coordination, etc.
Qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction professionnelle ?
La plus grande satisfaction vient de la capacité à agir concrètement pour la sécurité de tous, la prise en charge des publics confiés et pour faire connaître nos missions, essentielles au service public de la justice.
Quelles sont pour vous les qualités et compétences requises pour faire ce métier ?
Il me semble essentiel de concilier la pensée et l’action. Pour cela, la capacité d’écoute, de dialogue et de conciliation est nécessaire, de même que l’esprit de synthèse et, enfin, la capacité à décider.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait devenir DSP ?
Je lui dirais de découvrir ce milieu avant, par un stage, des lectures ou des rencontres, pour affiner son projet professionnel. Cette personne saura où elle s’engage et sera plus pertinente lors du recrutement.
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