Nicolas, directeur pénitentiaire d’insertion et de probation

Interview

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« Ce qui me plaît c’est que c’est un métier profondément humain, tourné vers les autres et avec une réelle diversité des missions. » 

Nicolas est directeur pénitentiaire d’insertion et de probation (DPIP). Il a aussi été éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). C’est motivé par son intérêt pour le milieu pénitentiaire et les prises en charge des personnes détenues, qu’il a choisi d’évoluer professionnellement. Devenir DPIP était pour lui l’opportunité d’endosser davantage de responsabilités et de développer des compétences plus axées sur la gestion, la communication et l’organisation. 

Pouvez-vous vous présenter rapidement ? 

J’ai obtenu une licence droit-économie-gestion. Cette formation m’a notamment conduit à envisager les métiers de la fonction publique. Après deux ans comme assistant d’éducation en lycée, j’ai passé le concours d’éducateur de la PJJ avant d’intégrer l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) en 2015.
À l’issue de la formation, j’ai d’abord été affecté en unité éducative d’hébergement collectif (UEHC) de 2016 à 2018. J’ai alors pu découvrir la population pénale et les rouages de l’institution judiciaire. En proximité immédiate avec les mineurs délinquants, cette expérience m’a conduit à mûrir, professionnellement mais également personnellement. Toujours en tant qu’éducateur PJJ, j’ai ensuite travaillé en établissement pénitentiaire pour mineurs de 2018 à 2020, car j’étais intéressé par le milieu carcéral et je voulais appréhender un autre cadre de prise en charge. Cette expérience professionnelle m’a amené à travailler en pluridisciplinarité avec les personnels de surveillance et les autres partenaires présents sur sites comme l’Éducation nationale par exemple.
Curieux d’approfondir ma connaissance du milieu pénitentiaire, de monter en compétences, d’avoir plus de responsabilités et de découvrir les prises en charge auprès d’un public cette fois-ci adulte, j’ai passé le concours interne de DPIP. En sortie de formation à l’École nationale d’administration pénitentiaire (ENAP), j’ai été affecté au poste de DPIP en milieu ouvert en 2021. 
Deux ans après, j’ai bénéficié d’une mutation en tant que directeur adjoint du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de ma région d’origine, poste que j’occupe toujours actuellement.

Vous étiez éducateur de la PJJ, pourquoi avez-vous choisi de devenir directeur pénitentiaire d’insertion et de probation ?

J’ai choisi ce métier pour une double raison. La première était de découvrir la prise en charge des publics majeurs, leurs spécificités criminologiques, les outils et moyens d’action du SPIP et de ses partenaires. Ce choix s’est fait dans une logique de continuité avec ce qui est mis en place chez les mineurs par la PJJ. Je voulais aussi augmenter mon niveau de responsabilité en intégrant les processus décisionnels et en participant à l’organisation et fonctionnement de l’activité d’un service.
Mon expérience à la PJJ s’est révélée précieuse tant du point de vue de la prise en charge des publics, que pour la contribution à la structuration d’un service et du management des personnels. J’y ai vu pour ma carrière une certaine logique de continuité avec ce que j’avais pu découvrir en qualité d’éducateur PJJ. 

Comment décrivez-vous votre métier à une personne qui ne le connaît pas ?

Le directeur pénitentiaire d’insertion et de probation est un cadre de la justice. Il dirige des équipes chargées d’aider les personnes condamnées à se réinsérer dans la société, tout en garantissant la bonne exécution des décisions de justice.
Il organise et assure le fonctionnement du service, dont il a la charge, en adaptant et en faisant appliquer les orientations institutionnelles liées au champ d’intervention du SPIP, à savoir la prévention de la récidive. Il coordonne son service avec les autres partenaires institutionnels et associatifs afin d’assurer un service public de qualité et efficient. 

Quelle serait une journée type ? 

Chaque début de journée, le DPIP fait le tour du service pour saluer ses agents et prendre connaissance de l’actualité du service. Après avoir pris connaissance des courriels et répondu aux sollicitations importantes, le DPIP peut avancer dans son cœur de mission : l’organisation du service et la coordination avec ses partenaires. Ensuite, la journée type est souvent faite a minima d’un temps de réunion ou de concertation avec ses propres agents ou un partenaire. 
Le reste de la journée est consacrée à la gestion administrative et le pilotage du service : résoudre des problèmes, prendre des décisions et assurer la continuité de l’activité du service. 

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

Ce qui me plaît c’est que c’est un métier profondément humain, tourné vers les autres et avec une réelle diversité des missions. 
Le service pénitentiaire d’insertion et de probation est en effet un acteur institutionnel qui intervient en coordination avec de nombreux partenaires impliqués sur différents champs. Le DPIP doit monter en compétences dans de nombreux domaines pour assurer ses missions. Pour ce faire, il doit développer des expertises managériales, en communication, juridiques, organisationnelles. Il doit être en capacité de prendre des décisions claires dans des délais contraints.
Ses missions évoluent continuellement grâce au dynamisme de l’institution judiciaire.

Selon vous, quelles sont les qualités et compétences requises pour être DPIP ?

Pour être DPIP, la première qualité requise est le leadership, afin de manager des équipes pluridisciplinaires et de prendre des décisions claires et appliquées. Ensuite L’écoute et la communication sont essentielles pour accompagner les agents dans leurs missions et créer une dynamique de service. Le sens de l’organisation est une qualité indispensable pour affronter la charge de travail et gérer le stress lié à la fonction.
Les compétences professionnelles nécessaires sont relationnelles et managériales pour diriger les agents, travailler avec les différents partenaires institutionnels et associatifs. La gestion de projet est aussi très utile pour piloter des dispositifs d’insertion, d’évaluation et d’organisation du service, ainsi que pour le travail en réseau.
Enfin, des connaissances juridiques et du code pénitentiaire sont indispensables pour maîtriser l’exécution des peines et des procédures pénitentiaires.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite se présenter au concours de DPIP ?

Ne pas hésiter. Le métier de DPIP est riche de la diversité de ses missions et des compétences qu’il permet de développer. Choisir ce métier c’est intégrer une carrière publique diversifiée et dynamique.
Les prérequis pour exercer ce métier sont d’avoir des connaissances juridiques, institutionnelles et surtout humaines. Il faut faire preuve d’humilité, de patience et de clairvoyance pour accompagner le changement.
 

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