"Dans ce métier, il faut savoir écouter, s’adapter, s’imposer, se protéger et ne pas se laisser submerger : vous allez vite évoluer"
Surveillante dans un établissement pénitentiaire d’Île-de-France, Jessy a rejoint l’administration pénitentiaire en 2019 après plusieurs années dans l’armée de terre. Elle raconte son parcours et sa vision du métier de surveillante.
Quel est votre parcours au sein de l’administration pénitentiaire ?
Après avoir exercé pendant plusieurs années dans l’armée de terre, j’ai souhaité changé de voie. C’est en réfléchissant à ma reconversion que j’ai découvert le métier de surveillant pénitentiaire, et j’ai voulu tenter l’aventure.
Pendant ma formation, j’ai effectué deux stages. Ces expériences m’ont permis de découvrir deux populations carcérales très différentes : les femmes détenues (en maison d’arrêt) et les peines longues (en maison centrale). C’était très formateur, d’autant plus à Clairvaux, où il y avait beaucoup d’anciens surveillants avec beaucoup d’expérience.
Aujourd’hui, je suis en poste dans une maison d’arrêt d’Île-de-France, sur différents postes et fonctions suivant le besoin : l’occasion de gagner en expérience et d’être à l’aise face à des situations variées. Travailler avec les gradés me permet de voir leur fonctionnement, de poser des questions et d'apprendre plus rapidement. Demain, si je change d’établissement, je n’aurai pas d’appréhension car j’aurai pratiquement tout vu et travaillé avec différents types de profil de détenus.
Par la suite, j’envisage de passer le concours de gradé pour devenir première surveillante : j’ai envie de continuer à travailler sur le terrain.
Bon à savoir ! Vous avez plus de trois ans d’expérience dans la sécurité ? Comme Jessy, vos épreuves peuvent être adaptées. Renseignez-vous sur la reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle (dossier disponible sur la page d’inscription du concours). |
À quoi ressemble votre quotidien de surveillante en détention sur un poste en roulement ?
Je travaille de jour comme de nuit suivant les semaines (les nuits étant accompagnées de jours de repos). Une "journée type" peut commencer à 6h45 et finir à 17 h. Une fois la vérification des cellules et des personnes détenues faite, ma journée s’articule autour des déplacements à accompagner : les activités culturelles et sportives, les rendez-vous médicaux, les parloirs, les extraits judiciaires, le travail, l’enseignement, la promenade…
Le travail de nuit (de 18h45 à 7 h) demande d’être aussi vigilant (risques psychosociaux, bagarres en cellule, feux en cellules…) et est également rythmé par les mouvements des personnes détenues. Il peut y avoir des retours d’extractions judiciaires de la journée, des détenus arrivants qui doivent être écroués et affectés en cellule avec un repas arrivant et remise des effets arrivants…
Qu’est-ce qui fait la richesse de votre métier ?
C’est la diversité ! En tant que surveillant pénitentiaire nous avons un rôle qui nous permet d’être "multitâches" et être acteur de la détention. J’aime travailler sur le terrain, pouvoir être en contact et échanger avec les personnes détenues et les différents intervenants. C’est un métier enrichissant personnellement et professionnellement : on apprend tous les jours et on côtoie différents corps de métier qui interviennent en détention comme les conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation (CPIP), les aumôniers, les enseignants, les avocats, les intervenants extérieurs…
Quels conseils donneriez-vous à un futur candidat ou surveillant pénitentiaire ?
Si j’avais eu le choix, je me serais dirigée vers le concours spécial Île-de-France. Je voulais commencer ma carrière dans un établissement francilien. Ce sont de bonnes écoles très formatrices. Avec la prime de fidélisation, c’est plus avantageux !
Pour l’épreuve écrite du concours, intéressez-vous à tout car les questions portent essentiellement sur l’actualité. Une question m’a marquée : « Brigitte Macron est marraine de quel animal ? Panda, Girafe, Koala ? ». Pour l’oral, il est important de se renseigner sur le métier de surveillant car il peut y avoir des mises en situation.
Pendant la formation, n’hésitez pas à vous rapprocher d’autres élèves pour vous motiver, évoluer ensemble, réviser. Il faut être assidu dans les révisions surtout des cours qui vont moins vous intéresser, faire des fiches, prendre des notes, s’entraîner à faire les tests. Plus vous aurez de points, plus vous aurez un bon classement. Ces points vous permettront d’avoir l’établissement que vous souhaitez. Sortez et changez-vous les idées, mais bossez quand il le faut. À l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire (Enap), on vous donne toutes les chances pour réussir.
Lors des stages en détention, n’ayez pas peur de l’échec ou de mal faire, vous êtes là pour apprendre. N’hésitez pas à poser des questions, prendre des notes. Vous allez toujours trouver quelqu’un pour vous aider. Prenez des initiatives, montrer que vous êtes motivés et que vous avez envie d’apprendre.
Quand vous allez commencer à travailler, ce sera compliqué au début. Mais il est important de vous accrocher. Il faut savoir écouter, s’adapter, s’imposer, se protéger et ne pas se laisser submerger : vous allez vite évoluer.
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