Manon, directrice des services de greffe judiciaires

Manon, 30 ans, est directrice des services de greffe judiciaires depuis deux ans. Après l’obtention d’un master 2 droit privé fondamental, elle intègre un institut d’études judiciaires « carrières judiciaires » avant de réussir le concours de greffier. S’ensuit une formation de 18 mois à l’École nationale des greffes, à l’issue de laquelle elle est reçue au concours de directeur des services de greffe judiciaires (DSGJ). Un métier méconnu que Manon a découvert sur le tard et dans lequel elle s’épanouit professionnellement.

Pourquoi avoir choisi de devenir directrice de services de greffe judiciaires ?

À la suite de mes études de droit, je cherchais un métier dans lequel je pourrais m’épanouir. Je souhaitais travailler pour le service public. En parcourant les sites Internet du ministère de la Justice, j’ai découvert la page dédiée aux directeurs des services de greffe judiciaires. Je finissais ma cinquième année de droit et je n’en avais jamais entendu parler sur les bancs de la fac. C’était LE métier qui me correspondait et qui me permettait d’allier service public de la justice, carrière judiciaire, encadrement, management et gestion de projet.

Aujourd’hui, quelles sont vos missions ?

Mes missions sont à l’image du métier : très variées. Je suis en charge de plusieurs services supports du tribunal judiciaire de Paris, à savoir les départements des moyens généraux et budgétaire. Ce sont des services transverses qui participent au bon fonctionnement de la juridiction, en soutien des magistrats et des fonctionnaires du greffe et du parquet. Le volet évènementiel de mes fonctions m’apporte beaucoup. Je découvre ainsi l’organisation des grands procès, des colloques en lien avec le droit, des séminaires et la communication.  
J’encadre des secrétaires administratifs, des adjoints administratifs et techniques mais également des contractuels. Je travaille avec différents interlocuteurs internes et externes dans la gestion de différents projets. Mes journées sont partagées entre gestion des ressources humaines, management, suivi budgétaire, mise en place de nouvelles organisations, suivi de différents projets, analyse statistique, réalisation de notes, soutien à l’organisation de séminaires et colloques, etc.

Qu’est-ce qui vous apporte le plus de fierté et de satisfaction dans votre métier aujourd’hui ?

Ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est l’idée de travailler au service de la justice tout en veillant au bien-être des agents qui y concourent avec moi. J’aime énormément la diversité que m’offre mon poste actuel. Je sais qu’avec les possibilités qu’ouvrent le métier de directeur, je pourrais très bien revenir à des fonctions plus juridictionnelles un jour. C’est une vraie plus-value.

Quelles sont les qualités et les compétences requises pour faire ce métier ?

Pour devenir directeur des services de greffe judiciaires, il faut avant tout avoir le sens du service public, être juriste, polyvalent, savoir s’adapter sans cesse aux missions comme aux interlocuteurs et aimer cette pluridisciplinarité, qui fait la richesse de notre métier. Il faut aussi se montrer bienveillant, pédagogue et à l’écoute des personnes que l’on encadre car les relations humaines sont au cœur de la fonction.

Quels conseils donneriez-vous à un(e) candidat(e) au concours ?

Pour les épreuves écrites, en plus d’avoir des bases solides en droit et de bien connaître l’environnement judiciaire, il faut s’ouvrir au management et aux relations humaines. Le meilleur conseil de préparation est de s’intéresser à la réalité du terrain. Si vous connaissez des directeurs, posez-leur des questions.
Pour l’oral, il faut se projeter dans des mises en situation et se mettre dans la peau d’un directeur qui cherche sans cesse à concilier la qualité de vie au travail de ses agents, leurs droits, leurs obligations avec les impératifs juridictionnels ou administratifs du service public de la justice.

En quoi consiste la formation de DSGJ ?

C’est une formation mêlant théorie et pratique, extrêmement professionnalisante et enrichissante. Notre formation théorique comprend des cours sur les matières transverses (RH, management, droits et obligations des fonctionnaires) et des cours de procédure pénale, civile et prud’homale. Elle est assez différente de celle des greffiers en ce qu’elle nous forme à devenir des managers.
Nous découvrons les juridictions grâce à plusieurs mois de stages (cour d’appel, tribunal judiciaire et service administratif régional) pendant lesquels nous sommes réellement mis en situation auprès de nos futurs collègues.
À la fin du cursus de formation, nous soutenons un oral devant un jury : c’est la commission d’évaluation professionnelle. Il s’agit de l’exposé d’un cas pratique, à partir d’un sujet identifié en stage, et pendant lequel nous expliquons au jury comment nous avons procédé pour gérer la situation.
Enfin, à l’École nationale des greffes, nous apprenons aussi la solidarité et l’entraide avec nos camarades de promotion et l’ensemble de la communauté de travail des directeurs qui seront un véritable soutien dans notre vie professionnelle.