« Être surveillant c’est se sentir utile. Utile pour la société, pour les personnes détenues et pour soi-même. »
Quel est votre parcours ?
Malgré une formation de menuisier, j’ai d'abord intégré la gendarmerie, où j’ai servi pendant un an et demi. Je m’y sentais très utile, je servais mon pays. J’ai voulu continuer dans cette voie. À 20 ans, j’ai décidé d’intégrer l’administration pénitentiaire où je retrouvais ce sens dans mon travail.
J’ai passé le concours puis j’ai effectué la formation de huit mois [la durée de la formation à l’époque ] à l’École nationale d'administration pénitentiaire (ENAP). J’ai réalisé deux stages dans des établissements parisiens, à la maison d’arrêt de Nanterre et à celle de Fresnes. À Fresnes, j’ai intégré le greffe [service en charge de la gestion des dossiers administratif des personnes incarcérées]. Pour quelqu’un qui partait avec un BEP menuiserie en poche, travailler sur un dossier judiciaire et être en contact avec des juges et magistrats était très valorisant. J’y ai appris beaucoup et cela m’a fait beaucoup évoluer dans mon métier.
J’ai ensuite été en poste à la maison centrale de Saint-Maur. Pendant deux ans, j’y ai été surveillant en détention puis au sein de la brigade de l’isolement en quartier disciplinaire et en quartier arrivant. Dans cette brigade, j’ai été confronté à une toute autre population pénale : détenus avec de longues peines, condamnés pour terrorisme, profils médiatiques, etc. J'ai découvert encore autre chose, et c’est ce qui me plaît dans le métier de surveillant.
Aujourd’hui, j’exerce dans une maison d’arrêt [un établissement pour prévenus ou courtes peines] en région Centre. Je suis une formation de spécialisation pour devenir surveillant en équipe locale de sécurité pénitentiaire (ELSP)*. La formation est primordiale pour se spécialiser. C’est un avantage pour notre carrière. Il existe des formations de techniques d’intervention, de tirs, de gestion des feux, les brigades canines, etc.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Ma mission principale est d’accompagner les mouvements des personnes détenues : lors des promenades, à leurs rendez-vous médicaux, avec leur conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation (CPIP), à leurs ateliers de travail, à leurs activités sportives, culturelles, religieuses ou scolaires...
Ce sont des moments qui demandent beaucoup d’attention et de réactivité : on peut être confronté à tous les incidents et aléas du quotidien. Il faut savoir gérer rapidement et efficacement.
L’essentiel dans tout cela n’est pas le déplacement physique que l’on effectue pour accompagner les détenus, mais plutôt l’accompagnement moral, la discussion, le lien que l’on entretien avec eux.
« Être surveillant ce n’est pas qu’ouvrir des portes, c’est l’aspect humain et l’accompagnement du détenu qui est fondamental. »
Qu’est-ce qui vous motive dans votre métier ?
Ma motivation première était de servir mon pays et sentir que je sers à quelque chose. L’État me confie une tâche : aider les personnes détenues, privées de liberté car elles ont fauté, et les écarter de la société l'espace d'un moment car elles sont potentiellement dangereuses pour quelque chose ou pour quelqu’un.
Mon autre motivation concerne les personnes détenues, le fait de les accompagner au quotidien. Je les connais, je les comprends, je sais comment elles fonctionnent. Je crée un réel lien avec elles et les accompagne dans leur réinsertion.
Il y a aussi mes collègues et ma hiérarchie. J’ai trouvé au sein de l’administration pénitentiaire une hiérarchie, avec des grades, et le travail en équipe, comme à la gendarmerie.
* Les ELSP (équipes locales de sécurité pénitentiaire) font partie des équipes de sécurité pénitentiaire. Elles sont assignées à un établissement spécifique, et ont vocation à réaliser des extractions et transferts à proximité de celui-ci. Elles sont également chargées de la sécurité intérieure et périmétrique.
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" Dans ce métier, l’aspect humain est primordial, mais il faut aussi de la rigueur et de la discipline."
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Cynthia est directrice des services pénitentiaires (DSP). Titulaire d’un master 2 en droit mention carrières judiciaires, c’est en 2009 qu’elle rejoint l’administration pénitentiaire.
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