"En participant activement à la mise en place d’outils et de procédures efficaces pour les terrains, et donc de contribuer à la mise en œuvre des politiques publiques pénitentiaires destinées aux personnes placées sous main de justice, j’ai la sensation de servir les SPIP et de voir alors l’incarnation des missions de réinsertion qui sont les nôtres."
Caroline est conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation. Elle travaille au siège de la direction interrégionale de Paris, au département des politiques d'insertion et de probation et de prévention de la récidive. Son quotidien est donc bien différent de celui de ses collègues en milieu ouvert ou en milieu fermé ! Découvrez ce qui l'a amenée à travailler au siège d'une direction interrégionale.
Racontez-nous votre parcours.
J’ai découvert les missions des services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) au cours de mes études de droit, lorsque j’exerçais en tant qu’assistante de Justice. La mission de réinsertion, l’aspect humain du métier de conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) ont tout de suite attisé ma curiosité et mon intérêt. En plus du concours de magistrat, je me suis donc inscrite au concours de CPIP. Je n’ai pas eu le concours de magistrat, ce qui pour moi fut un signe : j’allais devenir CPIP.
Arrivée à l’Enap, la confrontation entre les représentations que l’on se fait du métier et sa réalité ont confirmé mon choix. Mes deux années de formation ont été très complètes : j’ai été stagiaire en milieu ouvert et en milieu fermé [voir encadré ci-dessous], au SPIP de Paris et au SPIP du Mans, deux territoires très différents, qui m’ont permis de travailler avec des publics et des professionnels de tous horizons. L’organisation des services était elle aussi différente, et lors d’échanges avec mes collègues stagiaires sur leurs propres expériences, j’ai pris conscience de l’intérêt que je portais à cet aspect, et à l’importance de la communication dans notre métier. Nous sommes les maillons d’une chaîne qui intègre de nombreux acteurs, des services judiciaires aux surveillants pénitentiaires. Les défauts de communication et de coordination peuvent réellement impacter notre travail d’accompagnement. C’est ce qui m’a poussée à me diriger, à la fin de ma formation, vers un poste en direction interrégionale, dans le département des politiques d'insertion et de probation et de prévention de la récidive.
A quoi ressemble le quotidien d’une CPIP exerçant en direction interrégionale ?
Le cœur de mon activité est d’accompagner, de conseiller les SPIP et de définir des processus pour favoriser l’application de la politique régionale d’aménagement des peines et des alternatives à l’incarcération définie par le Directeur interrégional. Pour moi – en dehors de la crise sanitaire – cette année a été marquée par trois thématiques : la surveillance électronique, le placement à l’extérieur et la mise en œuvre de la Loi Programmation pour la Justice (dite LPJ).
Nombreuses, les nouvelles mesures instaurées par la LPJ ont dû être accompagnées à tous les niveaux, afin que les acteurs se les approprient et puissent les mettre en œuvre efficacement. Nous avons donc développé des outils de soutien et organisé des moments d’échanges et de formation avec les services pour favoriser leur bonne compréhension et leur mise en œuvre.
En matière de surveillance électronique, il s’est agi d’assurer le suivi général des mesures à travers la coordination des SPIP. Cette coordination a supposé un travail commun avec le pôle centralisateur de surveillance électronique qui suit les personnes placées sous main de justice à distance. Cette mission implique d'avoir une certaine maîtrise des aspects techniques et demande une très bonne connaissance des textes car nous proposons un soutien juridique aux services. Elle repose sur nos capacités à collaborer avec tous les acteurs concernés. C’est similaire pour les mesures de placement à l’extérieur, sans l’aspect très technique et avec un lien avec des partenaires extérieurs au Ministère de la Justice, pour la plupart associatifs. Il faut animer le réseau, les groupes de travail entre les personnels et les autres acteurs de la réinsertion, et s’assurer que chacun est au courant de ce que l’autre peut proposer.
Quelles sont vos motivations ?
J’ai un grand intérêt pour tout ce qui est social, c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de m’engager dans la fonction publique au Ministère de la Justice. Le travail d’accompagnement, nécessaire pour contribuer au bon ordre public, ça m’anime. Même si j’ai parfois le sentiment d’être éloignée du public, ma position en direction interrégionale me permet de prendre du recul sur le fonctionnement plus global de nos services et de notre institution. J’ai la sensation de participer ainsi activement à la mise en place d’outils et de procédures efficaces pour les terrains, et donc de contribuer à la mise en œuvre des politiques publiques pénitentiaires destinées aux personnes placées sous main de justice.
Au quotidien, j’ai la sensation de servir les SPIP et de voir alors l’incarnation des missions de réinsertion qui sont les nôtres. Une mission que j’apprécie particulièrement est la formation : j’éprouve un réel plaisir à pouvoir échanger avec les autres professionnels, leur apporter un soutien et voir qu’ils savent qu’ils peuvent se tourner vers nous en cas de besoin. Les temps d’échange dans les SPIP, par exemple, me rappellent toujours pourquoi je fais mon travail, et c’est très gratifiant.
Où travaille un CPIP ?
Les conseillers pénitentiaire d'insertion et probation exercent en milieu fermé (dans les établissements pénitentiaires) et en milieu ouvert (au siège ou dans les antennes des SPIP). Ils peuvent travailler dans l’un, ou l’autre, ou en « milieu mixte », où ils partagent leurs tâches en établissement et en dehors.
En milieu fermé, ils accompagnent les personnes détenues dans le cadre d’un parcours d’exécution des peines et aident à la décision judiciaire en proposant des mesures d'aménagement de peine, par exemple. En milieu ouvert, ils impulsent une dynamique de réinsertion avec les personnes soumises à une mesure restrictive de liberté et s'assurent qu’elles respectent les obligations fixées par l’autorité judiciaire.
En dehors des milieux fermés et ouverts, le CPIP peut travailler en direction interrégionale (comme Caroline), à l’administration centrale, ou encore à l’Enap.
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