Sofia, analyste du renseignement pénitentiaire

Interview

Aller au contenu

« C’est dans l’ombre qu’on participe à la sécurité de nos collègues en détention et de nos concitoyens à l’extérieur ».

Sofia* est analyste au service national du renseignement pénitentiaire (SNRP). Attirée par le travail d’investigation et d’analyse au bénéfice de la sécurité nationale, c’est à la fin de ses études qu’elle est recrutée en tant qu’analyste spécialisée en criminalité organisée. Sofia nous parle de son métier et de ses missions.
(* Pour des raisons de sécurité, le prénom a été modifié).

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je me suis dirigée vers le renseignement pénitentiaire par sens du service public et pour participer, à ma mesure, à la sécurité nationale et à la protection des intérêts fondamentaux de la Nation. 

Après une licence de droit et un master de criminologie avec une option sécurité, défense et renseignement, j’ai rejoint la cellule interrégionale du renseignement pénitentiaire à Lille, en tant qu’analyste contractuelle spécialisée en criminalité organisée et sécurité pénitentiaire pendant deux ans. La plupart de mes collègues étant issus de l’administration pénitentiaire, j’ai pu rapidement m’imprégner de sa culture professionnelle spécifique.

Aujourd’hui, je poursuis mes missions à l’échelon central du SNRP, à Paris.

Quelles sont vos missions ?

Mon rôle consiste à assurer le suivi d’un certain nombre d’individus : j’analyse leur comportement, l’étendue de leur entourage ou encore leurs moyens logistiques et financiers afin de les empêcher de déstabiliser la détention et de porter atteinte à nos collègues de l’administration pénitentiaire.

Mon métier consiste à exploiter des informations à partir de données brutes, cela peut être un enregistrement audio ou les observations des personnels en établissement par exemple, et à les recouper afin d’en produire une analyse. Je rédige des notes de renseignement à destination des autorités compétentes du ministère de la Justice (directeur de l’administration pénitentiaire, garde des Sceaux) ou supérieures, ou d’autres services de renseignement ou d’enquête. 
 
Avec mes collègues, nous suivons des profils différents, à travers tout le territoire et nous sommes amenés à travailler avec un grand nombre d’interlocuteurs. Quand nous détectons une menace, nous l’investiguons pour permettre à l’administration pénitentiaire ou à l’autorité compétente de l’entraver. Concernant ma thématique, la criminalité organisée, il s’agit par exemple d’empêcher l’importation de conflits extérieurs à l’intérieur de la détention, de détecter la poursuite d’activités illégales pendant l’incarcération ou encore les projets d’évasion.

Quelles sont les qualités requises pour être agent du service national du renseignement pénitentiaire ? 

La première qualité requise pour être analyste est la curiosité, il faut investiguer et chercher les petits détails pour comprendre un profil ou un phénomène et produire une analyse fine.

La seconde qualité inhérente à tout agent d’un service de renseignement est la discrétion car c’est dans l’ombre qu’on participe à la sécurité de nos collègues en détention et de nos concitoyens à l’extérieur.

L’investigation et l’analyse nécessitent d’être polyvalent et de savoir être patient. En renseignement, le travail s’effectue sur un temps long, certaines personnes sont suivies pendant plusieurs années.

Enfin, je rajouterais qu’il faut aimer travailler en équipe, car les analyses des uns nourrissent celles des autres.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite faire ce métier ?

Mon premier conseil est de ne pas s’autocensurer si on est motivé à s’engager et à intégrer le renseignement pénitentiaire. Le SNRP rassemble des profils aux parcours professionnels et académiques très différents, cette diversité constitue l’une de ses forces.

Il faut également être prêt à se détacher de sa formation académique pour se confronter à la réalité du travail et du renseignement.

L’esprit d’équipe et de cohésion est essentiel, il nous permet de nous soutenir mutuellement, certaines affaires pouvant être complexes et génératrices de stress. D’ailleurs, nous bénéficions désormais d’une psychologue en cas de besoin de soutien.

Racontez-nous un fait marquant de votre carrière.

Le premier souvenir marquant qui me vient en tête est la prévention d’une évasion violente. Nous avions obtenu des renseignements qui indiquaient que des personnes détenues avaient des velléités d’évasion avec des moyens qui auraient mis en danger les agents sur place. Notre analyse de la situation a permis à l’administration pénitentiaire d’entraver le projet avant son déclenchement.

Bien que le grand public n’ait jamais eu connaissance de cette affaire, nous savons que c’est grâce à notre travail de l’ombre et à nos partenaires, que nos collègues ont été mis en sécurité. C’est très gratifiant et cela donne du sens à notre action au quotidien dans le respect de nos valeurs : s’engager, anticiper, protéger.

Le service national du renseignement pénitentiaire (SNRP)

Le SNRP est l’unique service de renseignement du ministère de la Justice. Il est placé sous l’autorité du directeur de l’administration pénitentiaire.

L’objectif du SNRP est d’entraver l’importation de conflits extérieurs à l’intérieur de la détention et la poursuite d’activités illégales pendant l’incarcération, qu’il s’agisse de commanditer des actions violentes ou de gérer un trafic. 

Le rôle du SNRP est aussi de lutter contre les tentatives d’évasion et les menaces pesant sur les personnels pénitentiaires.

Le SNRP dispose d’un centre de formation pour accompagner les nouveaux agents tant dans leur acculturation aux métiers du renseignement que de l’administration pénitentiaire.
 

Nos actualités

Contactez-nous

Vous avez besoin d'informations sur les procédures administratives et le recrutement ?