Julie, juge aux affaires familiales

Portrait*

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Lors de ce stage à Nantes, un magistrat du parquet m’a expliqué que je pouvais avoir ma place ici, que je pouvais moi-même devenir magistrate en passant le concours complémentaire.

Après avoir vécu plusieurs vies professionnelles, notamment dans la Marine nationale, Julie a passé le concours complémentaire pour devenir magistrate. Aujourd’hui, juge aux affaires familiales, elle nous raconte son parcours et nous explique ce qui lui a permis de réussir.

Comment êtes-vous arrivée à la magistrature ?

Sur le tard ! Collégienne, une conseillère d’orientation m’avait parlé du métier de magistrat, mais, à l’époque, j’étais persuadée que cette profession était inaccessible pour moi.
La géopolitique me passionnait. J’ai alors choisi de faire Sciences Po Toulouse, puis de suivre un master spécialisé en stratégie et ingénierie des affaires internationales à l’Essec.
Mais, à la fin de mon cursus, lors d’un entretien de recrutement à La Défense, j’ai compris que j’étais en train de me tromper de voie. J'avais l'impression d'être écrasée par les tours. J'ai ressenti ça comme un signe : il me fallait trouver un emploi qui aurait du sens.
C’est une affiche de l’armée, dans le RER, qui a tout changé. On y voyait un plongeur en photo avec ce slogan écrit en grand : « Mettez du sel dans votre avenir ! » Moi qui aimais tant la mer, j’allais m’engager dans la Marine ! Malheureusement, la campagne de recrutement venait tout juste de se terminer. J’ai donc dû attendre l’année suivante pour postuler. En juillet 2006, après dix mois de formation, j’embarquais pour six mois sur le porte-avions Charles-de-Gaulle. La mission : l'Afghanistan ! Mon travail ? Briefer les pilotes de chasse sur leurs missions et le théâtre d'opérations - aussi bien sur la gestion des espaces aériens que sur la situation tactique.
De retour à terre, j’ai ensuite coordonné le travail de 80 personnes chargées de la sécurité du porte-avions pendant les travaux de maintenance. Par la suite, j’ai travaillé comme officier de liaison au Centre d’entraînement au combat (c’est le lieu où se préparent les militaires de l’armée de terre déployés en France et à l’étranger). Puis j’ai travaillé au centre opérationnel de la Marine nationale à Toulon. Nous mettions notamment en place des missions pour intercepter les go-fast en mer.

Vous ne vous destiniez donc pas vraiment à être magistrate…

Effectivement. J’ai commencé à avoir des contacts avec le monde judiciaire dans le cadre de ces opérations, mais, surtout, au Centre national de surveillance des pêches. Mais la vraie rencontre a eu lieu au moment où je passais le concours d’administrateur des affaires maritimes : j’ai alors fait un stage au tribunal de grande instance de Nantes et… j’ai adoré !

Qu’est-ce qui vous a décidé finalement à franchir le pas ?

Lors de ce stage à Nantes, un magistrat du parquet m’a expliqué que je pouvais avoir ma place ici, que je pouvais moi-même devenir magistrate en passant le concours complémentaire.

Vous avez alors passé le concours ?

Non, pas tout de suite. Sur le site Place de l’emploi public, j’avais vu un poste intéressant à la cour d’appel d’Orléans : assistante spécialisée en matière de lutte contre la radicalisation au parquet général, placée auprès des procureurs de Tours et de Blois. J’ai été prise. J’ai tout de suite expliqué à ma hiérarchie que je voulais passer le concours complémentaire. Alors, en plus des tâches qui m’étaient confiées, on m’a donné l’occasion de rédiger des qualifications développées, des synthèses de dossiers pénaux, puis des réquisitoires définitifs. De bonnes préparations pour le concours !

Comment les choses se sont-elles alors enchaînées ?

J’ai d’abord suivi la prépa de l’Institut des études judiciaires Jean-Domat (à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne), puis, après ma réussite au concours, je suis rentrée à l’école. Un mois de formation théorique, cinq mois de stage probatoire, puis deux mois de stage de pré-affectation plus tard, j’obtenais mon premier poste de magistrate. Je suis arrivée au siège, alors qu’on m’aurait attendue au parquet et, contre toute attente aussi, je suis devenue juge aux affaires familiales.
Mon travail ? J'exerce l'intégralité des prérogatives d'un juge aux affaires familiales tant en procédure orale qu’en procédure écrite.
En ce qui concerne la procédure orale, je m’occupe des affaires hors et après divorce, des ordonnances de non-conciliation, des mesures provisoires, des obligations alimentaires ou encore des ordonnances de protection.
En ce qui concerne la procédure écrite, je m’occupe des mises en état, des incidents, des divorces, des liquidations des régimes matrimoniaux et des indivisions ou encore des droits de visite chez les grands-parents. J'assure aussi les auditions de mineurs.
Mais je suis également juge des tutelles mineurs et juge commissaire dans le cadre des procédures collectives (rédaction des rapports et ordonnance d'admission de créances, de ventes de gré à gré...). Enfin, comme tous les magistrats du siège, je participe au service général et préside une audience de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité par mois.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier ?

C’est un métier très humain, en prise directe avec la société et ses réalités. Ce qui me plaît aussi, c’est qu’il est souvent imprévisible. Une affaire a priori classique peut se révéler pleine de surprises. Moi qui ai toujours peur de m’ennuyer, je suis vraiment à l’abri !

Quel conseils donneriez-vous à celles et ceux qui souhaiteraient embrasser cette voie ?

Il me semble qu’il faut être quelqu’un de droit, avoir une motivation sans faille et savoir faire face aux situations de tension. Mais je dirais aussi que faire un ou des stages avant de passer le concours est aussi très important : on assiste à des audiences et on voit les professionnels dans l’exercice de leur fonction. On apprend alors déjà, simplement par mimétisme.

* Remerciements au personnel du greffe et du barreau du tribunal judiciaire de Chaumont pour leur participation photographique

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